Adapté de la nouvelle de Philip K. Dick intitulée "Do Androïd Dreams of Electronic Sheep" par un Ridley Scott tout juste auréolé de son succès avec Alien – Le Huitième Passager, 1e de la fameuse licence encore d'actualité aujourd'hui, mais bien avant ses succès à tendance historique qu'ont pu être Gladiator, Kingdom of Heaven ou encore Robin des Bois dernièrement, Blade Runner est désormais considéré comme un classique absolu du cinéma de science-fiction. Mais qu'en est il d'un visionnage en 2012 ?

A l'aube du trentenaire de ce film, ce métrage a effectivement bien passé l'épreuve du temps. Visuellement, la ville futuriste sale et usée est effectivement splendide et son rendu reste bluffant. Bien sûr certains effets spéciaux ont un peu de mal à passer les décennies mais globalement l'ensemble reste très crédible et esthétiquement de qualité. Le film joue son esthétique avec une pluie et une nuit incessantes et des teintes généralement sombres et froides dépeignant un Los Angeles futuriste gigantesque et effrayant. Dans ce métrage, la ville joue un rôle central dans la mise en place d'une ambiance un peu dérangeante d'un futur où l'on ne voudrait pas vivre, mais en jouant plus sur les détails visuels que sur l'idée d'une catastrophe rabâchée cent fois dans le scénario dont on ne verrait presque pas d'effets à l'écran. Ce Los Angeles est subtilement détestable et est également un chef d'oeuvre de conception futuriste.

Par ailleurs, Blade Runner reste également un archétype du film noir, Deckard empruntant à Philip Marlowe de nombreux lieux communs du détective privé, maintes fois récupérés et souvent sujet à hommage dans de nombreuses séries télévisées désormais. Archétype du détective privé au questionnement éthique prononcé, Deckard est joué par un Harrison Ford qui délaisse ici ses frasques à succès de Han Solo dans Star Wars ou d'Indiana Jones pour un héros plus sombre et plus profond qui s'interroge sur son humanité et son devoir et qui, contrairement à ses rôles précédents, use très peu de la parole. Face à lui, Rutger Hauer, jouant le leader du groupe de replicants que Rick Deckard poursuit, oppose un personnage de "méchant" évidemment plus fouillé qu'il n'y paraît et qui reste notamment mémorable pour ses dernières répliques dans le film.

Toute la force de Blade Runner est en effet, en digérant les aspects science-fictionnesques et une certaine violence, d'éviter tout propos manichéen : on s'interroge ici sur l'humanité au sens large. Un tueur est-il plus humain qu'une machine, et inversement ? Le sujet de la réalité de la vie artificielle et de sa place aux côtés de l'humain, mais surtout de sa propre conscience d'être doté d'humanité est ici un élément fondateur. Outre l'astucieuse fin du film (enfin dans la version Final Cut), le personnage de Rachel (jouée par Sean Young) est d'ailleurs la première pierre de ce questionnement dans ce métrage lors de son interrogatoire face à Deckard. Un interrogatoire fascinant d'ailleurs : que ce soit celui-ci ou dans celui du début, la caméra braquée sur l'oeil a un quelque chose d'hypnotisant, ajoutant à l'ambiance malsaine de ce futur.

Difficile d'être totalement exhaustif sur Blade Runner tant le film est fouillé, tant sa gestation a été compliquée dès l'étape de l'écriture du scénario avec moults réécritures, changement de scénariste, absence de Philip K. Dick et arrivée de Ridley Scott sur le projet et également tant les pressions de la Warner sur le réalisateur ont fourni de versions différentes d'un même film. Néanmoins, la version Final Cut de 2007 qui me sert de base à cet article (et qui diffère assez peu structurellement de la Director's Cut antérieure à vrai dire) confirme que Blade Runner reste un indispensable, ayant relativement bien vieilli visuellement et dont le propos reste bien sûr intemporel, d'autant plus qu'il a été maintes fois repris depuis, avec un coup de coeur particulier pour la dernière scène du personnage de Rutger Hauer et son monologue.

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Auteur : Eric
LeBlogDuCinéma
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le 28 mai 2012

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