Bon, je dois vous l’admettre en ce mercredi 15 mai j’ai une flemme monumentale de réviser ma numismatique romaine (étude des monnaies pour les profanes) pour mon partiel de demain…
Du coup je suis installé devant mon PC à la bibliothèque en quête d’occupation, je me promène comme souvent sur Sens Critique, créé une liste, puis je me mets dans l’idée d’écrire une critique. Je pense tout d’abord à en faire une sur le dernier film que j’ai vu, Syriana, mais l’inspiration ne me vient pas du tout, du coup je regarde mon top 10 et hop ! Pourquoi ne pas faire une critique de mon film favori, Blade Runner ? Je regarde vite fait sa page sur SC, oh mon dieu ! 223 critiques ! Diantre, ce n’est pas aujourd’hui que je vais faire dans l’originalité mais bon tant pis…


Alors Blade Runner, film de Science-Fiction sorti en 1982 et mis en œuvre par le réalisateur britannique Ridley Scott, qui notamment réalisé le grand Alien en 1979. Dans les trois rôles principaux on trouve bien sûr l’aventurier Harrison Ford - qui avait alors déjà joué dans Star Wars et Indiana Jones-, Sean Young - qui est une parfaite inconnue pour moi- et bien sûr l’acteur néerlandais Rutger Haueur.


Blade Runner est inspiré d’un roman du célèbre Phillip K.Dick, Les androïdes rêvent ils de moutons électriques ? Que je recommande à tous, étant assez complémentaire avec le film, ce dernier n'étant pas une pâle adaptation (salut 1984).
A la fin du XXe siècle, période pendant laquelle l’humanité part à la conquête de l’espace pour fuir la terre… Période pendant laquelle des sortes de robots d’apparence humaine, des androïdes appelés réplicants, ont été créés pour faire le travail de hommes (on pourrait très bien parler d’esclaves modernes d’ailleurs…). En 2019 sur une colonie, un groupe de 4 androïdes s’échappe en tuant leurs gardiens et se réfugient sur terre à Los Angeles, pour une mystérieuse raison. L’enquêteur Rick Deckard, un Blade Runner, agent spécialisé dans la traque d’androïdes est chargé de les réduire au silence…
Voilà pour le point de départ.


Ce qui frappe d’emblée dans Blade Runner, c’est sa réalisation, son esthétique, ses effets spéciaux qui illuminent le film de mille feux. Notamment en sachant qu’il a été réalisé en 1982. Je crois qu’alors ma mâchoire s’était décrochée devant une telle beauté. Une baffe similaire à celle infligée par 2001. Déjà en voyant l’équipe du film on pouvait s’attendre à du lourd de ce côté-là, car on retrouve comme responsable des effets spéciaux celui qui avait travaillé sur 2001 l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick en 1968, rien que ça …
Le jeu de lumière est à couper le souffle, de même que l’alternance entre plusieurs couleurs, notamment le jaune et le bleu très présents dans le film, offrant un ballet visuel de tous les instants.
La ville futuriste contre utopique est ainsi superbement réalisée, on ressent bien la dégénérescence de l’humanité et du monde à travers la représentation de cette ville anxiogène, qui est sombre, où il fait mauvais temps (pluie très présente), et où règne une surpopulation, une grande promiscuité et insalubrité…
Je ne sais pas si j’ai déjà vu un film de Science-Fiction aussi réussi au niveau de ses décors et de son univers, ni même si il est possible de faire mieux … C'est encore une occasion où je me dit que c'était bien plus beau sans tout le numérique utilisé aujourd'hui, m'enfin bon, passons ...
Du côté de la réalisation sonore c’est aussi un sans-faute, ça nous flatte les oreilles tout le long du film, en particulier avec ses fameuses musiques « électroniques » du plus bel effet. Vangelis le patron.


On pourrait juste regarder Blade Runner comme un simple film noir matiné de science fiction, mais ce qui fait véritablement la grandeur de Blade Runner est son arrière-plan, tout l’univers et ses questionnements qui sont abordés derrière l’enquête policière, qui est en fait plus présente pour faire office de fil rouge que de point central.
Un nombre incroyable de thèmes centraux sont ainsi touchés du doigt, que cela soit bien sûr la nature de l’humanité, de la mort, de la vie, du temps… donnant un film un aspect philosophique, métaphysique.


Certains thèmes m’ont particulièrement intéressé dans Blade Runner en particulier celui de la place de la création de l’Homme, sa relation avec son créateur, l’Homme lui-même et aussi la question de la servitude. Interrogations qui sont d’ailleurs encore plus d’actualité de nos jours qu’à l’époque de la sortie du film.
Comme on voit se développer peu à peu des robots sans cesse plus perfectionnés, à quoi bientôt va servir l’Homme dans le monde devant des créations aussi complètes ? Que peut faire de mieux l’humanité ? Sommes-nous condamnés à disparaître un jour ?
Comme je l’ai dit précédemment, le recours à ces androïdes ne peut-il être pas qualifié d’esclavage moderne ? On pourrait dire que non car ces créations en sont pas humaines, qu’elles n’ont pas conscience propre… mais quand nous sommes face à un tel niveau de perfectionnement comme dans Blade Runner, où la création de l’Homme ressemble si fortement à celui-ci, qui pense, ressent, agit, perçoit, se comporte comme lui, où est la différence avec son créateur alors ? Dans le film par exemple seul un test oculaire permet de faire la différence entre un androïde et un humain, et encore, avec beaucoup de difficultés... Comment bientôt définir l'originalité de l’Homme avec de telles différences ?
Exploiter cette création ne devient-elle pas la même chose qu’exploiter un de ses semblables ? Où s’arrête la limite entre les deux ? La frontière est fine.
Encore des questions que l’on peut résolument se poser et qui le seront encore plus dans le futur…
Nous voyons ainsi au départ les androïdes comme des criminels, des choses à abattre, puis on en vient à réviser son jugement, voire à se dire si au contraire ils n’ont pas en partie raison de faire ce qu’ils font. Ne sommes nous pas aussi capable de tout pour se sauver ?
Et le point centrale, la scène qui tue, bien sûr cette fameuse séquence entre Deckard (Ford) et Roy Batty (Hauer), tout simplement un des plus grands moment de cinéma que j'ai vécu ...


On perçoit aussi à travers le film l’angoisse permanente d’un dysfonctionnement technologique. Notamment dans la présence d’une sorte de date de péremption de 4 années des androïdes. L’homme veut faire une créature à son image (peut être par amour propre) mais veut garder le contrôle, l’homme a sans doute peur de lui-même, il connait le mauvais côté de sa nature…
Thème d’ailleurs repris dans le film I Robot avec Will Smith mais dont la qualité n’a rien à voir avec Blade Runner…
Et d'ailleurs, cet élément, de la conscience des replicants de leur fin imminente ne pourrait pas en quelque sorte à nos yeux légitimer leur action ? Après tout, au seuil de la mort, tout ne pourrait il pas être tenté pour chercher à éviter sa disparition ? Ainsi, ceux qui au départ passaient pour de vulgaire criminels pourraient bien finir par être vus d'une toute autre manière.


On peut aussi revenir sur le côté dystopique de Blade Runner, aux inclinaisons d’une société totalitaire (certes moins qu'ici Brazil) notamment à travers l’entreprise Tyrell, qui par sa position tutélaire, du haut de son immeuble semble dominer et contrôler la ville entière, sinon le monde… Tiens n'est ce pas un écho quant aux inquiétudes que l'on peut avoir aujourd'hui sur le poids des multinationales notamment Google, qui pourrait bien à l'avenir régenter nos vies ?


Le film est aussi intéressant car nous autres spectateurs pouvons nous demander progressivement durant le film quelle est la nature de Deckard, est-ce un humain ou plutôt un réplicant ?... Pour ma part j’ai tranché et je pense qu’il est un parfait humain comme vous et moi, mais bon je ne détiens pas la vérité absolue. D’ailleurs j’ai trouvé amusant une interview dans les bonus du film de certains responsables de Blade Runner qui disent bien que dans le film aucun élément ne permet d’affirmer que Deckard est un réplicant, mais vous me direz sans doute que cette affirmation peut aussi signifier la même chose pour le questionnement inverse…


J’aurais aimé m’exprimer tellement plus sur ce film tellement il me subjugue, mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin… (et puis après j’aurais dû réfléchir encore plus et j’en avais un peu marre pour tout vous dire passé 10 minutes sur une critique).
Blade Runner, qui est pour le moi le film le plus aboutie de Ridley Scott est surtout le chef d’œuvre ultime de la Science-Fiction aux côtés de 2001 ou de Brazil, un long métrage que l'on va mettre comme modèle pour encore longtemps, une œuvre magique d’anticipation, un film visionnaire, un pur bijoux du 7e art, tout simplement…


PS2 : et dire que ce film n’a pas été reconnu à sa juste valeur en 1982 lors de sa sortie, AAAAAAHHHHH…

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le 15 mai 2013

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