Film incontournable.
Phénomène rare : un film adapte un roman à sa sauce, ne raconte pas la même histoire, ni même la même problématique, et parvient à être aussi bon que le livre en question...
Il y a beaucoup, beaucoup à dire sur ce film et son roman, une simple critique est ardue. Restons sur le film.
L'atmosphère globale est parfaite : une image léchée d'un univers cyberpunk noir, des buildings sombres et imposants aux ruelles glauques et surpeuplées montre que la société humaine n'en a plus rien à faire de l'être humain - alors que celui-ci tente de survivre en empêchant une race meilleure que lui de se développer.
La musique, signée Vangelis, est à elle seule une pièce qui se suffit à elle-même. Elle souligne la grandeur des décors, l'égarement de la foule grouillante, l'intimité désœuvrée du personnage...
L'opposition entre Ford et Hauer est magnifique : le personnage de Ford, Rick Deckard, a une mission et l'applique comme une machine pour ne pas sombrer dans le désespoir de sa solitude. Roy Batty (Rutger Hauer) est, lui, une machine, s'est donné à lui-même une mission et la remplit avec tous les excès dont seul un humain est capable. La dernière scène, sur le toit, en grande partie improvisée par Rutger, fait partie de l'Histoire du cinéma.
Le film a inspiré bien des ouvrages de la "pop culture" et provoqué bien des clins d’œil : Cyberpunk 2020 et Shadowrun (jeux de rôle papier), Astérix Mission Cléopatre, Ghost in the Shell, Dark City... Cherchez pas, il imprègne toute la SF de tous les pays.
Sa suite, sortie bien bien plus tard, est très bonne, quoi qu'incompréhensible si on n'a pas vu et pas compris celui-ci.