Après Blade Runner 2049, j'ai eu envie de revoir le Blade Runner de Ridley Scott qui, lui, se déroule pile trente ans avant.
Trois choses m'ont frappé.
1. Les décors, l'ambiance sont superbes, très réussis. Los Angeles est alors une mégapole grouillante de vie, cosmopolite. Il y règne un climat de polar glauque à souhait, de dominante vert sombre. On se sait, on se sent dans le futur. Un Los Angeles post-apocalyptique tel qu'il pourrait être, non pas en 2019 mais en 2219 ou 2419.
2. Les personnages de l'intrigue existent tous et sont tous intéressants, même si certains le sont plus que d'autres. Il y en a essentiellement dix : le blade runner Rick Deckard (androïde ou pas ?), les quatre replicants rebelles à éliminer (deux hommes, deux femmes), l'androïde Rachael dont Deckard tombe amoureux (et dont il doute qu'elle fasse partie des replicants rebelles à éliminer), et quatre humains : le flic faisant le lien entre Deckard et les "autorités supérieures" de L.A.; le Chinois responsable des yeux des replicants créés par Tyrell Corp.; le président de cette société; et son concepteur principal (qui vit seul avec ses jouets dans un immeuble désaffecté).
3. L'intrigue découle des personnages et les lie entre eux. Les replicants sont venus à L.A. pour tenter de faire allonger, par reprogrammation, leur durée de vie (qui n'est que de quatre ans, lesquels sont presque achevés) et le blade runner est, lui, chargé de les retrouver (alors qu'ils sont tout à fait semblables à des humains) et de les éliminer au fur et à mesure, ce qu'il fait ou tente de faire. Aucun temps mort, il y a urgence des deux côtés (agent spécial et "rebelles"), et cela donne une course-poursuite effrénée dans un entrelacs de places, rues, ruelles, bâtiments croulants (des décors fantastiquement imaginés, étonnants)... l'histoire d'amour entre Deckard et Rachael brouillant aussi les cartes : Deckard reçoit ordre de l'éliminer, mais ne l'a-t-elle pas sauvé des mains tueuses d'un des replicants masculins ? Alors ? Que doit-il en faire ?
Sous-tendant ces 3 aspects ou points de force du film, il y a une réflexion sur ce qu'est l'humanité. Qu'est-ce qu'un homme ? Et à partir de quel moment, une machine, qui copie l'homme quasi parfaitement, peut-elle prétendre à l'humanité ? Et qui, dans ce Los Angeles futuriste, peut être parfaitement certain d'être un homme ? Rick Deckard est-il un homme ? Et dans ce cas, peut-il aimer un androïde, même ultra-perfectionné, comme Rachael ? Qu'est-ce qui différencie Rachael d'une vraie femme ? Etc.
Tout ça fait que le film garde son pouvoir de fascination 35 ans après avoir été réalisé, reste totalement original et visionnaire. Si bien qu'on ne se lasse pas de le voir et revoir.
De préférence en version numérique restaurée (son et image) "final cut" de 117 minutes (le "director's cut", je crois, que Ridley Scott a sorti en 2007).