Blood Diner
5.4
Blood Diner

Film de Jackie Kong (1987)

Si Blood Diner est devenu un film culte aux USA grâce à son succès de vidéoclub, le troisième et avant dernier long métrage de Jackie Kong reste relativement méconnu en France. Sorti en 1987, le film s'appuie sur le scénario de Michael Sonye qui devait être à l'origine une sorte de suite très premier degré du Blood Feast de Hershell Gordon Lewis avant que sous l'impulsion de la réalisatrice l'entreprise ne tourne à un gros délire débilo-gore qui pourrait sans soucis trouver sa place dans l'univers Troma. Blood Diner est une comédie horrifique semi parodique et 100% débile carburant à tous les excès qui nous replonge avec délice dans le mauvais goût assumé des années 80.


Blood Diner nous raconte l'histoire de deux frères qui tentent de ressusciter une divinité égyptienne grâce au conseil de leur oncle psychopathe décédé dont il conserve le cerveau dans un bocal de formol. Sous les ordres et conseils de leur cher tonton, les deux énergumènes vont tenter de mettre en place un rituel nécessitant un sacrifice de vierge, un banquet cannibale et de nombreux prélèvements sur des filles délurées afin de reconstituer la déesse Sheetar façon créature de Frankenstein. Alors que la police piétinent face aux nombreux corps démembrés, les deux frères se débarrassent des morceaux en les servant aux clients de leur restaurant.


Blood Diner est un film franchement divertissant et sympathique pour peu que vous ne soyez pas trop allergique au mauvais goût porté fièrement comme un étendard de liberté absolue. La réalisatrice Jackie Kong bénéficiait de peu de budget mais de beaucoup de liberté et trois ans après la comédie débile Night Patrol elle insufflait le même vent de folie furieuse dans ce récit improbable de cannibales et de culte millénaire. Avec une folle générosité et une gratuité qui affolerait les censeurs bien pensants de tous les bords, Jackie Kong fait carburer son film au gore, aux nichons, aux gags débiles, aux dialogues décalés, absurdes et de mauvais goût, le tout dans une ambiance top eighties avec un festival de coupe de cheveux improbables et de goûts vestimentaire douteux. Blood Diner est le genre de film dont on ne cherche même plus à comprendre la cohérence interne tant au bout d'un moment il semble tellement noyé sous les artifices grossiers qu'on se laisse embarquer dans l'absurdité globale de l'entreprise. Comment voulez vous analyser sérieusement un film avec des catcheurs nazis, des adeptes de l'aérobic seins nus, un biker obèse et indestructible, une gonzesse qui fait du kung-fu à poil, un patron de restaurant ventriloque dont le seul client est le mannequin qu'il fait parler, un flic crétin ou d'une fille tartinée nue de pâte à beignets dont la tête ressort d'une friteuse avec la forme d'un immense acras de morue (Sans connotation péjorative pour l'actrice bien sûr). Les dialogues (du moins pour la version française) ne sont pas en reste et l'on nous parle d'un violeur à la poire à lavement, d'un groupe de rock végétarien appelé les cannibales, d'un sadique qui se promène avec un hachoir dans une main et ses parties intimes dans l'autre, d'un type si éxcité qu'il baiserait une vache ou de grosse saucisse à mettre dans un trou bien chaud… Du grand n'importe quoi parfois consternant mais souvent assez drôle à force de se foutre royalement du bon goût et pousser très loin les potards de l'absurdité.


Blood Diner possède aussi les défauts de ses qualités et comme je le disait plus haut il ne faudra pas être trop sensible à la bêtise et la vulgarité sous peine de passer 90 minutes interminables devant ce festival de gesticulations affligeantes. On pardonnera aussi beaucoup à Jackie Kong du fait de son maigre budget et qu'elle se complet à l'évidence dans tout le côté fauché de son film mais Blood Diner aurait sans doute gagner à être beaucoup plus gore et délirant dans ses débordements horrifiques. Le film nous propose toutefois avec la résurrection de Sheetar une créature vraiment convaincante avec un abdomen qui s'ouvre comme une bouche géante remplie de crocs acérés. Blood Diner c'est typiquement de la série B comme j'aime , un film qui semble toujours en faire un peu trop par peur de ne pas en faire assez et dont la générosité qui frise le trop plein déborde du cadre de l’écran quitte à un foutre partout.


35 déjà depuis Blood Diner que Jackie Kong a quittée le cinéma pour se consacrer à l'écriture de comics horrifiques. Pourtant lors d'un récent festival la réalisatrice aurait annoncée son intention de revenir au cinéma avec un projet encore plus fou que ses films précédents, prions pour la résurrection de Queen Kong


Créée

le 23 janv. 2023

Critique lue 67 fois

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Freddy K

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