Blood Games et le seul et unique long métrage de Tanya Rosenberg et c'est bien dommage car sans être un grand film ce premier essais est une agréable série B qui démontre que le cinéma n'a pas attendu le mouvement #Metooo pour proposer des films de filles, réalisés par des femmes et faisant joyeusement la nique à la lie de de la masculinité toxique.
Je ne sais pas d’où sort le résumé du film sur Sens Critique mais vous ne trouverez pas plus de panne de bus que de cannibales dégénérés dans Blood Games. Le film raconte l'histoire d'une équipe de Softball féminine qui après avoir battue une équipe de bons gros rednecks sudistes vont devoir affronter leur mécontentement. Après plusieurs altercations autour du match trop musclé, d'un pari non honoré, d'un voyeur malsain et d'une double tentative de viol, les filles doivent alors quitter la ville après que leur entraîneur ai reçu un coup de couteau. Accidentellement elles vont alors tuer un des hommes dans leur fuite entraînant une implacable chasse dictée par le père de la victime et dont elles seront le gibier.
Si ce Blood Games sortait aujourd'hui il recevrait sans doute un tombereau de critiques dénonçant sa vision hautement caricaturale des hommes à travers le portrait il est vrai bien peu reluisant qu'en fait le film. Tanya Rosenberg nous propose en effet une bien belle galerie de bouseux crasseux, machistes, crétins, violeurs, violents et tous cons comme des bites qui passent leur temps à beugler, boire des bières, se goinfrer de pop-corn, roter comme des soudards, chiquer, cracher en espérant se taper de la pétasse avec ou sans consentement. Une belle bande d'abrutis dangereux qui se retrouvent donc lancés par un chef de meute qui pour l’occasion frétille de la moustache à l'idée de ressortir son uniforme militaire qu'on imagine sentir encore le napalm. Le seul personnage masculin à échapper au marasme est l’entraîneur de cette équipe de filles, figure à la fois paternelle et protectrice. En face de cette meute on retrouve une dizaine de filles pas trop bimbos ni badass qui lassées d'essayer de fuir finiront par riposter et se battre à grands coups de battes de base-ball et de shotguns bien placés. Pas de grandes stars au casting que ce soit du côté mâles comme femelles mais une interprétation globalement solide notamment avec la cascadeuse Laura Albert et le second rôle Don Dowe (Evil Toons – Tales From The Hood). Si le film est réalisé par une femme, on trouve trois hommes à l'écriture ce qui explique peut être une scène de douches totalement cliché mais dans laquelle le film va introduire un mateur pervers renvoyant (peut-être?) le spectateur à son propre voyeurisme.
Si Tanya Rosenberg ne fait pas d'étincelles en matière de mise en scène et qu'elle use parfois d'effets de style visuels redondant jusqu'à la caricature, Blood Games reste un divertissement d'action plutôt bien troussé et offrant une tension et un suspens constant. Quelques scènes sont même très réussies comme lorsqu'une des filles s'écroule au ralenti après avoir pris une balle dans le dos sur fond de soleil couchant avec en arrière plan les arbres de la forêt qui se découpent en ombres chinoises, un peu cliché mais très classe. Le film bien que datant de 1990 possède parfois une ambiance rugueuse très seventies à l'image d'une scène de viol assez rude, quant au dernier acte du film avec son ambiance de western, il est aussi une franche réussite à mettre au crédit de Tanya Rosenberg. Alors bien sûr la réalisatrice use et abuse souvent de ralentis pour appuyer lourdement la dramaturgie des événements et elle se perd parfois dans des effets étranges comme lorsque une brume plus épaisse qu'une fumée de barbecue au gras de saucisses envahit sans raisons l'écran, comme si on se retrouvait d'un seul coup dans les brouillards de Londres. Rien de préjudiciable en tout cas à cette solide série B dans laquelle on assiste à une réjouissante révolte de la gent féminine face à une belle bande de trous du cul virilistes à l'image de ce dialogue d'une des filles en pleine rébellion avec ce véritable cri du cœur : " Chérie j'en ai marre de courir et j'en ai plus que marre d'avoir la trouille qui me tient aux tripes – Moi je dis qu'il faut se battre contre ces fumiers et en tuez un maximum au lieu d'attendre gentiment - J'ai subi toute ma chienne de vie la loi de ces salopards de machos, crois moi j'ai eu ma dose et c'est pas maintenant que j'ai la possibilité de leur en faire voir que je vais baisser les bras !" , exactement le genre de discours qui me met toujours en joie même si l'ambiance globale du film n'est pas à la gaudriole.
Blood Games est une très bonne série B qui montre que l'opposition de femmes fortes contre des gros connards n'est pas juste un phénomène de mode mais malheureusement une éternelle et longue source d'inspiration et de lutte pour les femmes.