Un film qui sent le Pathé
D'abord un court métrage d'animation japonais très remarqué des studios I.G., sombre, violent, brut ; sa brièveté empêchant de s'égarer dans le développement de caractères insipides. Puis mangas, romans et enfin série d'animation « Blood+ ». Il fallait bien qu'un jour il arrive sur grand écran.
Hélas au lieu de rester dans les mains de ses créateurs le bébé est adopté par une famille cosmopolite : des producteurs franco-chinois, le scénariste de « Fearless », une actrice coréenne magnifique qui avait brillé dans « My Sassy Girl » et un réalisateur français qui lui n'avait jamais été brillant sauf dans le nanar hyperviolent décérébré « Le baiser mortel du Dragon » et surtout « L'empire des Loups ».
Comment tout cela pouvait-il aussi mal tourner ? Et bien en commençant par ne pas adapter l'œuvre, en se contentant de faire du copier-coller plan par plan, image par image jusqu'à l'absurde en gardant la palette de couleurs d'origine.
Mais ce n'était pas suffisant pour passer de 48 à 90 minutes, alors il a fallu ajouter des personnages et développer les caractères. Ajouter un passé à Saya notre tueuse de chiroptères à demi-humaine, un mentor horriblement assassiné pour justifier sa rage, et un futur, un démon innommable à détruire pour lui donner de l'espoir. Et pire que tout, un sidekick énervant, une adolescente de 17 ans en pleine crise de rébellion contre l'autorité paternelle.
La greffe est mauvaise, purulente. Si les scènes d'origines restent regardables tout le reste sonne faux, la baston géante en pleine ville qui singe maladroitement Buffy au fan service mal assumé ; mais bon dieu tant qu'a faire virevolter une tueuse de vampire en sailor-fuku avec un gros sabre autant aller jusqu'au bout en lui laissant une petite culotte blanche plutôt que cet affreux panty noir. La dernière scène d'origine passée le film change même de genre, basculant de l'action gore au fantastique grotesque.
Pire affront à l'animé celui-ci était un modèle de l'intégration des scènes 2D/3D, hélas c'est l'un des pires aspects du film, les chiroptères sont mal modélisées, animées et surtout très mal intégrées. Les giclées de sang entièrement numériques à base de grosses boules maronnasses achèvent des effets spéciaux d'une rare médiocrité.
Incapable de respecter ne serait-ce que l'ambiance, le film s'achève (en même temps que l'agonie du spectateur) sur une scène surréaliste : l'affrontement entre Saya et le démon Onigen, le tout dans le décor bucolique d'un charmant petit village traditionnel japonais par une chaude journée ensoleillée. Twist final tombant à plat et fausse fin ouverte comprise.
La seule chose à sauver est Gianna Jun qui incarne magnifiquement Saya.