Ce N'Est Pas Dans Les Vieux Cinémas Qu'On Tourne Les Meilleurs Films

C'est en 1984 que sort le tout premier film de Rick Sloane dont toute la carrière sera ensuite constellée d'étoiles pas très brillantes mais qui scintillent mollement aux firmament de la série Z. Un premier film indépendant qu'il produit, écrit et réalise même si lors des premières années d'exploitation en VHS aux USA, l'éditeur Active Home Vidéo attribuera cette triple casquette à la comédienne du film Alice Raley, qui sans doute n'en demandait pas tant. Sans trop de surprises on sent dès ce premier film que Rick Sloane n'est pas et ne sera jamais un génie du septième art car Blood Theatre est une petite comédie horrifique aussi poussive que fauchée.


Blood Theatre nous raconte l'histoire d'un exploitant de multiplexe qui décide de confier à trois de ses jeunes employés la mission de préparer et nettoyer un ancien cinéma abandonné afin de pouvoir inaugurer sa réouverture. Le soucis c'est que ce cinéma est fermé depuis que son ancien patron a tué tout le monde avant d'y mettre le feu et que le lieue semble depuis hanté par des esprits vengeurs et meurtriers.


Dès ce premier film on sent chez Rick Sloane un amour du cinéma bis, une prédilection pour l'humour bas du front et l'amour des bimbos un peu nunuches. Si le réalisateur bénéficie du chouette et luxueux décor d'un ancien cinéma californien vouée à la destruction, le multiplex lui ressemble plus à une triste enfilade de bureaux ou un couloir d'hôtel, en tout cas pas du tout à un cinéma. Si le résultat est franchement mauvais en revanche le film contient deux trois chouettes idées malheureusement toutes plus mal exploitées les unes que les autres comme l'âme des vieux cinémas face à la froideur des multiplexes. On retiendra donc surtout quelques mises à morts amusantes comme cette pauvre fille qui se fait griller dans une machine à pop-corn et deux trois idées étranges comme ce téléphone qui semble fondre quand une jeune fille hurle de l'autre coté du combiné, pour le reste entre la maladresse de la mise en scène et le classicisme des meurtres difficile d'être captivé par ce qui se passe à l'écran. Le casting du film est plutôt étoffé avec pas mal de personnages mais on retiendra surtout la présence de Mary Woronov figure de la série B américaine ( La course à la mort de l'an 2000La Nuit de la ComèteTerror VisionShoppingSilent Night Bloody Night). On pourra aussi s'amuser de quelques parodies de bandes annonces grindhouse et d'affiches issus des premiers courts métrages de Rick Sloane lui même comme Chainsaw Chicks ou Clown Whores of Hollywood. Du coup on se dit que y-avait quand même du potentiel à faire un bon petit film de genre surtout que parfois sur un malentendu Rick Sloane emballe quelques scènes pas trop dégueulasses.


Le problème de Blood Theatre outre son manque de moyens et sa propension à plus souvent chercher le rire facile que l'épouvante; c'est que le film semble complètement déconstruit et il enchaîne les séquences à la va comme je te pousse sans vraiment articuler sa narration. Au bout d'un moment, regarder Blood Theatre c'est un peu comme lire un texte de cent pages sans ponctuations ni mots de liaisons. On se retrouve avec des pom-pom girls, des voleurs de mallette, des bimbos un peu cruches et des personnages qui se débattent pour survivre dans un lieue hanté dont on nous aura à peine esquisser l'histoire. Les mises à mort au couteau en plastique tordu, les multiplications de grondement de tonnerre, des portes qui grincent s'ouvrent et se ferment, les objets qui tombent tout seul, les lampes qui s'allument et s'éteignent, les effets de fumée sont loin d'être suffisants pour créer un quelconque climat de terreur et finisse,nt même par devenir ridicules à force d'être systématiquement utilisé. On pourra même se demander si l'aspect horrifique était la motivation première de Rick Sloane tant le film revient toujours et systématiquement vers la comédie pas très drôle. La suite de la carrière du réalisateur confirmera d'ailleurs que la comédie (plus ou moins volontaire) reste et restera son univers de prédilection.


Dommage donc que Rick Sloane n'exploite pas à fond son formidable décor de vieux cinéma, car c'est objectivement le plus bel atout du film. Il reste au bout du compte une vague et sympathique comédie horrifique, ni vraiment drôle et aucunement effrayante tant elle passe à côté de l'aspect horrifique de son script

freddyK
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le 7 avr. 2023

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