De la cohue au chaos
Bloody Sunday ne partait pas pour me plaire. Ces fondus rébarbatifs me rendaient fous et plus le temps passait, moins l'approche choisie par Paul Greengrass me plaisait. Pendant trois quarts...
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le 22 mars 2014
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Bloody Sunday est un film choc. Le genre de film qui file une boule dans l'estomac et dont le visionnage ne laisse pas indemne. La seule musique du film, une version live de "Sunday Bloody Sunday" de U2 qui fait office de générique de fin n'aura jamais eu une telle intensité et une telle résonance.
Paul Greengrass nous embarque, caméra au poing, dans cette marche pour l'égalité des droits entre chrétiens et protestants qui se voulait pacifique et qui termina, comme chacun le sait, en un bain de sang. L'immersion est totale grâce à cette vue à la première personne, et c'est toute la force du film. On est tour à tour dans la peau d'un soldat anglais et dans celle d'un manifestant irlandais pendant la première partie du film. Le montage, en séquences courtes, nous permet de comparer l'attitude de l'armée britannique et la situation réelle.
Le film est d'autant plus terrible qu'il montre des faits avérés, admis par Lord Widgery qui était chargé de l'enquête au nom de la Couronne d'Angleterre et prouvés devant un tribunal. Or on y constate la malhonnêteté lors des déclarations et la barbarie de l'armée anglaise qui tira à balles réelles sur une foule d'innocents qui tentaient de fuir. Aucune des victimes n'étaient armées et la plupart ont été abattues par derrière ou alors qu'elles portaient secours à d'autres. 7 des 13 victimes étaient des adolescents.
A partir de la charge des parachutistes, Greengrass adopte majoritairement le point de vue des manifestants. On devient véritablement l'un d'entre eux et on tente de fuir pour sauver sa peau. On entendrait presque les balles fuser autour de nous tant c'est immersif. La tension est omniprésente du début à la fin du film. On passe de la cohue au chaos en un rien de temps, ça crie, ça court, certains tombent sous les balles pendant que d'autres paniquent. Le réalisme est effroyable, c'est presque un documentaire.
Comme si ça ne suffisait pas, alors que l'association des droits civils fait le bilan des décès en conférence de presse, Greengrass nous rappelle que, bien que les faits aient été prouvés, les militaires n'ont jamais été inquiétés pour leur massacre et les officiers responsables furent même décorés par la Reine. Sous la pression populaire, Tony Blair rouvrit une enquête en 1998, et il fallut attendre 2010 pour que David Cameron, qui avait 5 ans lors des événements, admette les torts de l'armée anglaise.
A la suite de cette tuerie, les rangs de l'IRA se sont considérablement gonflés et, comme le déclara Ivan Cooper à l'époque, il est difficile de donner tort à ceux qui s'engagèrent.
Un film marquant, qui nous plonge dans l'horreur de cette journée avec une puissance rarement atteinte.
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le 31 déc. 2014
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