Derrière l'image que l'on peut observer avec attention ou distance, il y a cette part d'imagination qui peut faire naître en nous un soupçon de mystère donnant un sens particulier à ce cliché pouvant dissimuler des faux semblants. D'ailleurs, c'est comme cela que nous apparaît pour la première fois, le photographe, sortant presque camouflé dans un immeuble pour sans abris. Blow up, est un peu à l'image de son personnage principal Thomas, photographe tyrannique et voyeuriste semblant vouloir tout contrôler dans les photos qu'il réalise. Mais la photographie n'est pas une preuve en soi, il faut voir plus loin que cela. Blow up , c'est surtout un film raffiné qui joue sur les faux semblants, avec cette idée principale de ne pas se fier aux apparences. Les choses que l'on voit ou que l'on peut percevoir parviennent notamment de notre propre esprit , de notre propre imagination, débordante ou non. La séquence centrale du film, avec ce couple presque anodin dans ce parc, va presque faire prendre au film des tournures fantasmatiques. D'ailleurs, la découverte du meurtre existant ou non, est captivant à suivre de part l'excellente reconstitution visuelle des différents polaroids. On se mettrait presque à la place du photographe.
Mettant de coté, toutes les idées abstraites sur cette distanciation entre le virtuel et le réel, Blow up est surtout un film terriblement classieux avec cette âme londonienne pulsionnelle et sexuelle mettant en scène des femmes toutes plus belles les unes que les autres. Antonioni aime nous perdre dans ces petites ruelles, dans ces longues routes (toutes les scènes en voiture sont d'une minutie assez incroyable), dans ces grands appartements bourgeois imbibés d'alcool ou de drogue, choses qui comme d'autres peuvent changer notre regard sur l'appréciation réelle ou non des choses. Blow up, n'est pas à proprement parler un film qui suit une ligne narratrice bien précise, notamment avec son rythme lent, mais reste un long métrage en totale corrélation avec son sujet, c'est à dire de n’être qu'un assemblage intelligent d'instantanées captant des bouts de vie dans cette société artistique londonnienne. A l'image de la dernière scène avec le match de tennis, il est bien visible que pour apprécier les choses, il faut dépasser cette barrière réelle pour finalement entendre des sons, qui, aux premiers abords, semblent indicibles.