J'aurais voulu être un artiste
"J'aurais voulu être un artiste !!
Pour avoir le monde à refaire !!
Pour pouvoir être un anarchiste !!
Et vivre comme un millionnaire !!
Et vivre comme un millionnaire !!"
Balavoine
Après la sortie de ce film, plusieurs copains se sont découvert la fibre artistique et un don pour la photo. Sans doute avaient-ils perçu que pour Antonioni, l'objectif est une sorte de prothèse phallique qui permet de soumettre les femmes (mais que fait Clémentine Autain?).
Il est de fait que la caméra révèle les instincts narcissiques et exhibitionnistes des acteurs (Jane découvrait déjà le plaisir de s'ébattre nue devant l'objectif).
Le cinéma n'est qu'illusions
Mais quelle est cette vérité qui disparait aussitôt qu'entraperçue au travers de la pellicule?
Thomas est sur de lui. Comme son nom l'indique, son "objectif" fait apparaître la vérité. Mais plus il s'approche, plus il agrandit, plus l'image devient imprécise, plus la réalité semble incertaine.
La vérité semble inaccessible au photographe comme au réalisateur. Pour prouver ce qu'il veut démontrer, le réalisateur doit pouvoir le montrer au spectateur. Or le spectateur, à l'instar de Ron et de Patricia à qui il se confie, ont leur propre perspective.
La réalité ne serait-elle qu'un ensemble de conventions qui ne fonctionnent qu'à condition qu'on y adhère comme pour la scène de mime d'une partie de tennis? Thomas ne perçoit le choc des raquettes sur les balles qu'après avoir lui-même renvoyé cette balle virtuelle.
Le spectateur doit accepter d'entrer dans le jeu.
Ce film en a inspiré beaucoup d'autres, mais il reste le plus abouti. Il faut le regarder comme on pèle un oignon. A chaque vision on découvrira de nouvelles couches de réalité/virtualité. Ca peut piquer les yeux.