Le summum, l'ultime aboutissement, des discours de Nixon, Reagan et Bush sur la fameuse guerre contre les drogues.
D'un côté, on pénalise, on brutalise, on enferme: cela permet de mettre des gens en prison, de faire marcher le business des lobbys de la construction, de la sécurité, d'occuper la police (doublement, car les dégâts générés par les tox en manque qui braquent, c'est double jackpot).
Reagan, Carter, Bush ont soutenu les Contras, au Nicaragua, via la CIA, qui ont importé la coke, puis le crack, aux USA: double jackpot, on lutte contre les gouvernements anticapitalistes en Amérique du Sud (Pinochet c'est bien, car c'était un dictateur ultralibéral, véritable labo pour Thatcher), et on pourri les Black Panters, les minorités, tous les marginaux en général, que l'on peut enfermer voir tuer, c'est plus simple.
Mieux, ils peuvent crever simplement de leurs addictions, ou s'entre tuer.
En plus, on alimente une économie parallèle, ce qui permet de réguler une certaine forme de paix sociale, des gens à qui on a pas besoin de donner trop de boulot, trop de prestations sociales, trop de services publics (hôpitaux, écoles etc etc).
De l'autre côté, on ramasse un maximum de pognon par rétrocommissions versées par ces mêmes trafiquants internationaux (avant les guérillas, maintenant les cartels, c'est la même) pour bons et loyaux services rendus.
Comme ça, au passage, le business de l'armement et de l'armée tournent à plein régime.
Ces rétrocommissions sont évidemment nettes d'impôt, tout passe en scred de main en main, enfin, plutôt, de grosses valises de pognons en paradis fiscaux divers.
Et puis il y a encore mieux, et c'est là tout l’intérêt de ce film.
Un bon gros business bien juteux, bien mafieux, impliquant une myriade d'intermédiaires tous plus pourris les uns que les autres, allant de médecins, à des infirmières, des commerciaux, des dealers, des tueurs, des constructeurs, des promoteurs, des opérateurs ...et ... l’État lui même, tient tient.
Ça tourne comme une horloge, comme tout marché qui se respecte.
Cerise sur le gâteau, le système se "régule" de lui même. L'infirmière sans papiers ne compte pour rien, c'est quantité négligeable, elle est jetable, et celui qui ne supporte pas ce business, fini par craquer et se suicide tout seul, par overdose.
Rien ne se perd, tout se transforme.
Depuis Al Capone, au temps de la prohibition de l'alcool, certains politiques ont bien compris qu'il suffisait de se substituer aux chefs mafieux.
Une drogue illégale génère plus d'argent, au final, et permet de peser sur la géopolitique, tout en manipulant le peuple.
Il y a eu un problème avec Escobar, il était trop incontrôlable, et niquait le bénef pour lui tout seul.
La Colombie vis depuis 40 ans, voir plus, dans un régime bien de droite, bien capitaliste, et surtout bien sous la tutelle discrète des USA.
Les récentes émeutes réprimées dans le sang par un gouvernement ultra libéral le prouvent.
La coke arrive toujours, toujours plus, car c'est la sacrosainte croissance qui mène la danse.
Fidel déboule à Cuba, caramba, un gauchiste (même si personne n'est parfait, je n'en fais pas un saint) ...on tente la force armée, on sanctionne tout un peuple, on ruine l’État, en attendant que ça tombe tout cru.
En plus, à part le rhum et les cigares, y'a quedal, rien de vraiment lucratif.
Aux USA, ils sont dans le futur, des mômes, des vieux, se tuent avec des médicaments de synthèse dérivés d'opioïdes dont les noms m'ont échappé, tout aussi dangereux que l'héroïne elle-même, mais, produits par de puissants labos américains ... alors ... et bien ... business as usual.
En Iran, peine de mort, hospitalisations de forces, souffrances et tortures dans les pseudo centres de désintoxication ... résultat, explosion du nombre d'héroïnomanes, car une société malade ne peut engendrer que des déviances, déchéances et autres comportements suicidaires sur la population.
Le tout, évidemment, encouragé par les USA qui n'ont jamais lutté contre la culture du pavot en Afghanistan en 20 ans d'occupation... pourrir un peu plus les iraniens, et non leurs dirigeants, voilà une méthode typique de l'Oncle SAM.
Bon, un petit mot du film, bien réalisé, bien joué, efficace, et pertinent.
Au fait, l'argent, est-ce addictif?
Regardez-le, c'est instructif.