C'est Bon , C'est Beau , C'est Bog

Bog sorti en 1979 reste l'unique long métrage pour le cinéma de Don Kesslar, bien calé dans une courte filmographie en trois temps, entre un court et un téléfilm. Ce film de monstre fauché et mal foutu n'avait bien sûr aucune chance de passer à la postérité si ce n'est pour ses relents de sympathique mais malheureusement trop sage petit nanar.

Bienvenu dans une charmante bourgade du Wisconsin ou un pêcheur à la dynamite réveille une créature endormie au fond d'un lac laquelle va commencer à semer la pagaille dans le coin. Fort heureusement les autorités scientifiques et policières sont sur le coup, pfiouuuu on es sauvé !

Bog est un film fauché qui possède quelques réjouissants atouts qui le font parfois pencher vers la comédie involontaire et la parodie par accident. Le film souffre un peu de toutes les tares possibles avec une écriture bien paresseuse, des dialogues minimalistes et creux, quelques comédiens et comédiennes assez mauvais, des effets spéciaux rudimentaires, une musique country bien gonflante, une mise en scène toute molle et un craignos monster bien moisi pour couronner le tout. Il faudra ajouter à cette liste non exhaustive un montage absolument catastrophique avec notamment ce délicieux petit temps figé avant que l'action ne débute. Niveau casting c'est pas trop la joie dans les seconds rôles mais le film s'appuie tout de même sur quelques vétérans plutôt à l'aise avec entre autres Aldo Ray, Marshall Thompson, Leo Gordon ou Gloria deHaven. On a tout de même un peu l'impression que Don Kesslar a fait son casting dans une maison de retraite du coin à l'image de ce plongeur sous marin, un black dégarni qui semble avoir 90 ans au point de sincèrement s'interroger sur ses capacités respiratoires une fois immergé dans le liquide. En tout cas les deux scientifiques qui sont interprétés par le couple Gloria deHaven et Marshall Thompson nous offre une magnifique séquence de roucoulade amoureuse absolument hilarante tant elle semble sortir d'une parodie gériatrique de comédie romantique. Et puis bien sûr il y-a la créature que Don kesslar prend bien soin de ne pas trop montrer durant une bonne partie du film jouant sur quelques indices visuels comme une pince de crabe, le hors champs avec des victimes qui hurlent à la vue du monstre ou des ombres inquiétantes. Il faudra attendre la dernière demi-heure pour pleinement admirer de loin cet homme poisson/crabe avec ses grands yeux jaunes torves et sa démarche hasardeuse de mutant préhistorique. Car mine de rien le film alerte tout de même, sans le nommer, sur le réchauffement climatique puisque la créature semblait dormir depuis longtemps au fond d'un lac gelé avant qu'un abruti qui pêche le poisson chat à la TNT ne vienne la sortir de sa léthargie.

Outre le fait que ce soit assez rigolo et plaisant à suivre avec plein de petites choses amusantes comme par exemple un type avec une immonde veste à carreaux dont la couleur se confond avec le mur de briques derrière lui façon camouflage Bog possède également deux trois scènes disons un peu moins ratés que les autres. Dans les bois autour du lac vit par exemple une sorcière interprétée elle aussi par Gloria deHaven et je ne sais pas si c'est l'éclairage défaillant, le grain de l'image bien dégueulasse mais la séquence durant laquelle du fond de sa tanière forestière elle évoque la créature fonctionne assez bien, beaucoup plus en tout cas que lorsqu'elle court dans les bois et se mange un branche. Niveau cascade on s'amusera aussi de l'assurance et l'agilité de Aldo Ray lorsqu'il descend un talus avec la dextérité pataude de la gamine qui se gaufre dans le générique de La Petite Maison dans la Prairie.

En laissant des œufs au fond du lac et en terminant son film sur un laconique The End ? ce bougre de Don Kesslar laissait la porte ouverte à une suite que curieusement personne ne trouvera utile de faire. Bog c'est un gros poisson et un film fauché, une sorte de fish and cheap cinématographique quoi !

Ma Note Nanar : 05/10