Un biopic pudique et bluffant de réalisme

Le saviez-vous ? Selon nos chers voisins rosbifs, Queen serait « le meilleur groupe britannique de tous les temps », devançant les Beatles et les Rolling Stones. Le biopic consacré à ce groupe de rock légendaire était forcément l’un des films les plus attendus de cette fin d’année. Une excitation décuplée par la bande-annonce très efficace, nous montrant des scènes de concert vertigineuses et faisant résonner quelques morceaux emblématiques.

We will rock you, We are the champions, Another one bites the dust et bien sûr Bohemian Rhapsody... tout le monde aura la chance de pouvoir écouter sa chanson favorite de Queen pendant le film. Dans sa première partie, Bohemian Rhapsody s’attache d’abord à retracer l’ascension musicale du groupe. La première heure s’apparente à une comédie, où l’on suit les processus artistiques de la construction musicale des principaux succès du groupe, avec des scènes particulièrement drôles pour le fameux titre d’opéra qu’aucune radio ne voulait passer car sa durée de six minutes représentait une éternité.

La deuxième partie du film aborde ensuite la décadence de Freddie Mercury et la quasi-implosion du groupe. Il est vrai que beaucoup de thèmes de la vie de ce personnage peuvent paraître insuffisamment explorés (son orientation sexuelle, sa maladie…). Néanmoins, je trouve qu’ils sont traités avec pudeur et respect ; l’abondance de scènes d’orgies et de drogues ne me semblant pas nécessaire de toute manière pour comprendre que le personnage a traversé une sombre période.

Aussi, le choix de Bohemian Rhapsody est de se concentrer surtout sur le génie musicale de Freddie Mercury et de sa troupe. A ce titre la troisième et dernière partie – la reconstitution époustouflante du concert du Live Aid de 1985 – en est l’illustration concrète. Tout au long du film, les séquences musicales marquent par leur réalisme, en particulier celle du Live Aid (de presque vingt-cinq minutes !) où l’on a vraiment l’impression d’être à Wembley au milieu de la fosse !

Enfin, il faut souligner la qualité remarquable du casting, la ressemblance entre les vrais musiciens et les acteurs est frappante, en particulier pour Freddie Mercury. L’acteur l’incarnant, Rami Malek, (révélé par l’excellente série Mr. Robot) livre une prestation exceptionnelle : sa gestuelle, ses mimiques, sa présence sont bluffantes de réalisme avec le chanteur icônique. Il semble que les heures passées à prendre des cours de danse pour préparer son rôle aient porté leurs fruits. A son immense prestation il existe toutefois un bémol : la prothèse dentaire (pour imiter la dentition prononcée de F. Mercury) de l’acteur est vraiment trop exagérée. Elle semble même l’handicaper (dans la VO, Malek zozote un peu).

Au final, même s'il peut sembler trop lisse voire hagiographique pour certains, Bohemian Rhapsody reste un excellent moment à passer devant un grand écran et à prolonger chez soi à la sortie en réécoutant ou en découvrant le répertoire de Queen !