Le collectif,vous dis-je

Bryan Singer a réussi avec brio à éviter le piège de faire un biopic trop centré sur la personnalité de Freddie Mercury.Ce qu’on adore,dès la première demi-heure de Bohemian Rhapsody,c’est que de la place est faite aux autres membres du groupe Queen ( en donnant du corps et de la lattitude aux musiciens John Deacon et Roger Taylor notamment).Creuser le lien affectif reliant Mary à Freddie;dépeindre sans chichis les personnalités du manager et de l’avocat supervisant Queen;et doser intelligemment les moments émotionnels et musicaux du film font partie des qualités de Bohemian Rhapsody.En choisissant aussi de ne pas faire un film de commande destiné aux fans absolus de Queen, le réalisateur s’adresse aussi à un public ayant envie de saisir l’impact et l’aura mondial du groupe anglais sur une quinzaine d’années.La construction du film,volontairement trés évasive sur les escapades en solo de Freddie Mercury,mise sur la force du groupe dans les succès mais aussi sur leurs moments de risques,de doutes et d’incompréhension.Le collectif,vous dis-je, qui fait décoller chaque individu,lui donner de bons suppléments d’âme dans une existence.En projetant la lumière sur Bryan May,John Deacon et Roger Taylor,Singer a permis à Rami Malek de ne pas porter le film sur ses épaules même s’il reste l’acteur principal sur lequel les regards restent posés,scrutateurs,attentifs.Au final, plus de deux heures qui passent sans s’ennuyer,où le spectateur peut relire certaines paroles de chanson de Queen et les voir sous un jour nouveau ( surtout celles où il est question de blues, de sentiment de solitude ou de dépression) et de sortir de la salle avec le sentiment d’avoir vu un film total,inspiré et nullement hagiographique.C’était le meilleur cadeau possible à faire au public pour perpétuer le souvenir,l’énergie et la grâce musicale de Queen.