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C'est ainsi que les thèmes se mélangent : la botanique devient l'amour, l'amour devient la littérature, la littérature devient la botanique... Le tout appuyé par une réalisation soignée, à la photographie saturée, entre la moiteur sale de Santiago et la pluie abondante de Valdivia. Si un léger snobisme pointe parfois le bout de son nez, notamment dans l'aspiration un brin prétentieuse à la Nouvelle Vague et à l'élitisme littéraire, on le remarque peu devant la vaste réflexion sur l'écriture qui est menée, similaire à celle sur l'architecture dans "Medianeras". Ici, les sillons du récit se réverbèrent dans de nombreux niveaux d'interprétation et de lecture, rendant le tout puissant et passionnant. Alors, à l'image des ratures de Julio sur ses cahiers bleus, l'écriture prend parfois des détours, floute des transitions, se découpe en parties maladroites, mais garde une richesse pleine d'émotion, de violence et de force, qui fait de ce film étrange une sorte de poésie.