Saturday Night Fever - The XXX parody !
Une sacrée claque. Pour commencer, je dirais que Boogie Nights n'est pas (que) un film sur le porno. Il s'agit aussi d'un film sur le cinéma d'une manière générale. Un point de vue très impliqué du réalisateur,.qui fort d'avoir grandi à San Fernando Valley alors considéré comme la capitale du porno, en profite pour nous montrer toute son admiration et sa compassion pour ce monde de marginaux.
Le film démarre très fort par un long plan-séquence qui introduit les personnages principaux et qui nous plonge de suite dans l'ambiance si particulièrement fantaisiste de ce monde. Par la suite, chacun de ses personnages deviendront portraits d'une catégorie de personnes, c'est par l'allégorie qu'Anderson nous délivre un message à la fois empathique et acerbe du star-system (porno ou pas d'ailleurs).
Dirk Diggler, l'ascension d'un jeune talent détruit par son succès et la drogue, facilement assimilable à bon nombre de comédiens à travers les âges ; Buck Swope, un acteur qui cherche une reconversion mais qui se heurte aux limites du puritanisme de l'époque, facilement assimilable à bon nombre de comédiens n'ayant pas réussi à se sortir de leur condition ; Jack Horner, réalisateur cherchant la reconnaissance de son art et de son talent, qui cette fois sera à mon sens une (belle) métaphore des cinéastes indépendants ; Amber Waves, actrice ayant perdu sa famille suite à son activité non approuvée ; Scotty J., témoignage de la place des homosexuels et de leur représentation aux USA ; etc. Une galerie de portraits aussi complète qu’improbable ; la volonté d'offrir un regard nouveau sur une industrie soit idéalisée, soit diabolisée.
Mais dans ce film, il y a quelque chose que j'adore par dessus tout. Quelque chose que j'aime encore plus que la vision particulière du réalisateur. Quelque chose que j'aime encore plus que les nombreux plan-séquences de folie, et plus globalement sa mise en scène incroyable. Quelque chose que j'aime encore plus que les acteurs, tous excellents : le réalisateur qui cherche à s'adresser à nous, à nous impliquer dans son récit et à nous faire découvrir son univers (d'où ses nombreuses métaphores vis-à-vis du cinéma), en témoigne les nombreux plans sur l'objectif de la caméra lors de la première scène, à nous montrer l'implication d'un réalisateur dans le processus de création, à nous montrer la passion qu'une équipe peut mettre dans son projet, aussi futile / grotesque / marginal puisse être, aussi bien les techniciens que les acteurs. Et je trouve ça génial.
J'ai rarement eu cette impression d'avoir un film qui cherche à me parler de manière aussi directe et me retranscrire l'état d'esprit d'un réalisateur face à son œuvre. C'est jamais lourd, formidablement écrit, la bande son est folle, y a le plan-bite le plus génial de la Terre : Booogie Nights, c’est génial, mangez-en.
Même si je trouve que le film s'essouffle en fin de film et parte un peu en n'importe quoi par un artifice scénaristique visant à créer un effet choc en changeant totalement les règles du jeu (chose qu'il avait déjà fait admirablement bien dans Hard Eight, où il faisait passer le film du polar gentillet retraçant la vie d'arnaqueurs à la petite semaine au film de gangster crapuleux sanguinaires), ça m'a légèrement sorti du film et fait subir une baisse de rythme palpable, ce qui est fortement dommage et ne lui « qu'un » 9, et pas un 10 malgré la critique élogieuse que j'en fais.