Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film."
Scénario :
C'est l'histoire d'un groupe de gens qui font du porno dans les années 70 : ils multiplient les fêtes. Un "jeune" garçon (Mark Wahlberg, bientôt trentenaire à l'époque) va intégrer leur groupe et devenir une super star après qu'on ai découvert qu'il avait un chibre immense. Il multiplie les tournages, au milieu d'une bande de losers qui forment la famille qu'il n'a jamais eu : le "papa" réalisateur, la "maman" et la "petite soeur" actrices.
Bientôt ils se droguent, fricotent avec des mafieux dans des trafics plus ou moins louches et surprennent leurs compagnes couchant avec n'importe qui. "Étrangement" ça finit par mal tourner.
En tant que sujet d'étude :
"Boogie Nights" est le film que j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Paul Thomas Anderson. J'avais vu la fin de ce film à la télévision lorsque j'étais ado et du coup, j'avais envie de le voir en entier pour me faire une idée.
A vrai dire, savoir que le gars avait 27 ans seulement au moment du tournage explique un peu pourquoi, à un âge où beaucoup de gens en sont encore au cours-métrage, il fait pas mal d'emprunt à Scorcese ou De Palma : il se cherche. Mais ce sont de bons emprunts et c'est superbement filmé, avec plusieurs plans séquence bien foutus. Contrairement à une cinématographie qui se contente de balancer des superbes effets de caméra au service d'un film au scénario moyen, on a ici un bon scénario avec des personnages très bien construit, avec des idées de mises en scènes géniales : plans séquences, effets de post-production (la séquence de porno-en-voiture montée comme une VHS en 4/3) contre-champs bien foutus.
Le film n'est ni une éloge ni une critique du porno. Il met en place une histoire avec des gens qui ont existés à une époque (l'histoire s'inspire grandement de la vie de John C. Holmes.) et fait pas mal de clins d'oeil à ce milieu. (En invitant des acteurs pornos à jouer des rôles de figurants lambda ou des rôles secondaires.)
Il paraitrait que Burt Reynolds, dont le film à ressuscité la carrière, détestait ce film et menaça de frapper Anderson durant le tournage. Plus qu'un point de friction légitime, apparemment Reynolds était constamment drogué. Ce qui est ironique, puisqu'une scène similaire arrive dans le film, Mark Wahlberg jouant la star droguée et prétentieuse, et Reynolds le réalisateur qui se prend la colère dans la gueule.
Mon avis personnel :
Je me souviens, en 1998, avoir lu article élogieux du Télérama sur un film se résumant à "c'est l'histoire d'un mec, dans les années 1970, il a une grosse bite, donc il va faire du porno" et me dire "putain, faut que je vois ce truc. Trois ans ou quatre ans plus tard, je le voyais à la télévision, tard le soir, alors que le film était déjà commencé depuis une bonne demi-heure, voire une heure et tout ce que j'en ai retenu c'est le côté glauque :
roller girl qui se fait violer dans une voiture, Dirk qui tapine et se fait tabasser, etc....
Du coup, en revoyant ce film, vu ado, j'ai eu une sorte de choc : putain, l'ado avec une grosse bite c'est Mark Walhberg... ho, le producteur c'est Burt Reynolds.... sa meuf c'est Julianne Moore... ho mon dieu, William H Gacy !! Merde, Roller Girl c'est Heather Graham... Il y a toujours ce côté assez marrant de refoutre des visages connus sur des têtes de personnages dont on se rappelait bien du rôle.
Finalement tout un tas de souvenir sur le côté "déprimant" que j'ai de ce film est basé sur le fait que je l'ai pris au moment où ça allait le plus mal, tandis que ne garder que le début, ne donne au fond qu'une sorte de idéal hippie où tout le monde baise avec tout le monde, où les mésaventures ne sont pas graves et où avoir une grosse bite et faire des films avec rempli le rêve américain. De plus, je n'avais pas vu les passages les plus drôles, avec ces moments qui confine à l'absurde avec un réalisateur cocu dont la femme se fait tirer au milieu de tout-le-monde mais qu'on emmerde avec des lumières ou un mec tellement paniqué face à une nana qui vient de faire une overdose que c'est lui qu'on gifle et pas la nana pour la réanimer.
Les personnages sont soit moralement ambigüe, soit agissent comme des cons, mais on ne nous demande jamais de nous faire croire qu'ils ont fait le bon choix. En réalité, j'ai du mal à me dire que ce film à presque 20 ans, tant il accuse de bien des effets utilisé par des films actuels (plans en survol, plongés, montage parfois nerveux, etc...) et les idées géniales (le deal de drogue qui devait encore plus chelou parce qu'il y a un sbire en arrière plan qui balance des pétards qui explosent toutes les 30 secondes et que ça stresse tout le monde.)
Et il possède un passage de 30 secondes que je pourrais réutiliser pour contrer tout les discours de la NRA sur "si tout le monde avait des armes, on neutraliserait plus vite les méchants."
C'est du bon cinéma avec un scénario bien foutus et une mise en scène impeccable. J'ai rien à redire et j'ai envie de voir les autres films de Paul Thomas Anderson.