Boogie Nights c'est l'histoire d'une industrie, celle du cinéma, et de sa concurrente : la télévision.
P.T Anderson zoom et passe au microscope le porno des années 70.
A travers Eddie nous découvrons la production de ces films, l'émergence d'une star, les enjeux économiques…
Les personnages, tous très attachants, sont tous habités par une même envie : le grand écran, le 7ème art dans toute sa noblesse, quand bien même il est pornographique.
Années 70 : les musiques sont au top, les seventies surfent sur une vague de liberté sexuelle.
Aucune honte de diffuser les films X dans les salles obscures, on s'y presse pour découvrir les nouvelles stars faisant la couverture des magazines.
Eddie, devient Dick, rencontre Jack, et à eux deux, vont réaliser leur rêve : devenir une star du cinéma pour le premier, faire un "vrai" film pour le second.
Le succès (fixé par cette magnifique séquence de la piscine) est tonitruant.
Mais que ce passe t il lorsque les années 80 viennent balayer cette liberté pourtant si bien établie ? Lorsque le porno devient tout d'un coup honteux et sale ? Lorsque les spectateurs ne veulent plus se rendre dans les salles mais les regarder chez eux, à l'abri des regards ? (un comble pour du porno)
Ces changements de visionnages entrainent des changements de production (ou est-ce l'inverse ?) : finit les dizaines de techniciens, le "réalisateur" et le caméraman feront l'affaire; finis les grosses caméra, la vidéo s'avèrent plus pratiques, finis aussi les stars, elles se sont noyés dans leurs cachets et la cocaïne.
L'argent, véritable gangrène pour le septième art, est symbolisé par le producteur-pédophile, seul personnage aux mœurs réellement condamnable de toute cette bande.
P.T Anderson n'hésite pas à pointer du doigt cette Amérique pleine d'hypocrise, rejetant son penchant pour les films X, se cachant derrière ses valeurs traditionnelles.
Construit comme Trainspotting ou Goodfellas (découverte-succès-descente aux enfers-espoir), Boogie Nights a, comme ses ainés, une bande originale envoutante et remarquable.
Que peut on reprocher à ce film ? Peut être qu'il ne pousse pas plus loin le thème de la drogue. Mais Requiem for a dream le ferra pour lui, quelque années plus tard.