Être enfermés pendant des heures dans les bureaux de l'immigration états-unienne en ayant pourtant tous les papiers légaux pour entrer dans le pays ? C'est possible ! Et c'est l'histoire (inspirée de faits réels et vécus) que nous présentent Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez dans Border Line.

Un jeune couple, Elena et Diego, quittent l'Espagne pour se rendre aux Etats-Unis après que la jeune-femme a gagné à la loterie des visas. Ils ont donc légalement le droit d'entrer sur le territoire. Pourtant, ils sont arrêtés à la frontière et conduits dans les bureaux de l'immigration pour un interrogatoire prolongé. Pourquoi ? peut-être parce que Diego est Vénézuélien et que l'entrée d'un latino-américain sur le territoire des Etats-Unis est toujours vue comme suspecte. La police aux frontières va alors aller beaucoup plus loin dans leur intimité qu'ils ne l'auraient cru possible.

Le film se compose de deux parties dont la plus grosse est l'interrogatoire. Il s'agit donc d'un huis-clos où tous les éléments sont là pour nous faire entrer dans l'ambiance d'angoisse, d'oppression et de vulnérabilité dans laquelle sont plongés celles et ceux qui vivent ce genre d'interrogatoire. Entre humiliation et violation de l'intimité, les policiers états-uniens ne reculent devant rien pour briser le jeune couple. La lumière du film, lumière terne et froide des néons, ajoute une part d'angoisse au film. En fait, on a l'impression d'étouffer, on a l'impression d'être nous aussi coincés dans cet espace étroit, sans fenêtre, sans lumière naturelle, sans possibilité de s'échapper. On ne peut que se solidariser des personnages qui, au-delà des considérations sur leurs choix de vie personnels, sont confrontés à un déficit d'humanité, à une absence d'empathie. Alberto Amann et Bruna Cusi sont magistraux dans leurs rôles, chacun vivant la situation de manière différente, mais étant en proie à une détresse semblable.

On pourrait penser que ce film exagère la situation des immigrants aux Etats-Unis, mais c'est une situation vécue par de nombreuses personnes et particulièrement les Latino-Américains qui sont confrontés à cette brutalité policière et au racisme d'Etat, une situation notamment vécue par les réalisateurs qui sont d'origine vénézuélienne.

Attention, les pays européens ne sont pas en reste, si l'on parle ici des Etats-Unis, des traitements semblables sont perpétrés par les polices aux frontières européennes qui face à des migrants légaux ou illégaux, n'hésitent pas à faire appel à l'humiliation et à la violence psychologique.

anadiplose1917
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le 30 mars 2024

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