America is dead
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Réussite notable dans son genre, Borderland va peut-être dérouter ceux qui l’approchait en espérant un authentique et unilatéral torture porn (il est pourtant bien question de sacrifices humains par une secte satanique aux abords de la frontière mexicaine). Tout en alignant quelques séquences gores intenses mais somme toute très sobres (aussi insolentes que hors-champ), Borderland séduit surtout par son aptitude à concilier éclats de violence exorbitée à dose homéopathique et flirt avec l’exotisme trash pour fil conducteur, stimulant la confrontation avec l’énergie vitale à chaque instant (tant sur le plan des questionnements humains que du combat pour la survie). Classiciste, lucide avec une pointe de trollerie premier degré (on se pince-sans-rire à propos du réel, celui des adultes), Borderland écrase tous les Destination Finale, Saw 3 et consorts, non par une trouvaille fulgurante, mais par son traitement vif et fonctionnel. Zev Berman opte pour un sérieux assumé, prend son temps pour développer l’intrigue et les personnages, nuance le trait en empruntant le détour de l’enquête policière.
A ce titre, l’introduction est monstrueuse d’efficacité. Tendue, raffinée, tout en utilisant des méthodes largement éprouvées. Déjà s’imposent deux points forts qui sont autant de victoires : une photographie chaude et satinée, une gestion du suspense brillante. Celle-ci n’empêchera pas pour autant certaines anticipations, cependant l’attention ne décroît jamais : comme dans un bon film d’exploitation racé, le spectateur a ses points de repères et tout le loisir de savourer les détours et originalités stylistiques. Et Zev Berman affirme une touche, introduisant habilement son argument « based on a true story » pour accroître le frisson, impliquant le spectateur dans un contexte réaliste et fort. L’essentiel du métrage se déroule de nuit, au milieu d’un désert urbain crasseux et agité, où anges gardiens et tarés écument les mêmes plate-bandes.
Notamment sur le plan humain, sa façon de reprendre le pitch le plus commun est élégante et inattendue. C’est l’occasion de présenter un triangle amical original, usant autant, sur le papier, des dualités et réflexes triviaux (partir pour la baise et l’éclate) que de complémentarités relationnelles et choc des caractères assez subtils, les personnages conciliant des visions du monde tranchées. Ces étudiants fuyant les oppressions ordinaires pour jouir de leur jeunesse suscitent l’empathie grâce à la finesse de l’approche psychologique et sociale (d’autant plus valide comparativement aux mœurs de l’horrifique contemporain). Il ne se contente pas de ressasser l’éternel cahier des charges : il traduit les réalités que le genre survole, donnant une forme à la fois réaliste (au point de rappeler au spectateur ses propres voyages ou expériences) et purement fictionnelle que les autres ne savent que parodier. Moins puissant sur la fin, globalement grisant et imposant dans son registre.
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le 14 juin 2014
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