Bouboule a l'air d'une médiocre pantalonnade de plus ; en vérité, s'il n'est pas brillant, c'est un peu ailleurs qu'il va tenter sa chance. En termes esthétiques, Bouboule s'aligne a-priori sur les adaptations de bande-dessinées françaises des années précédentes, telles que Le Petit Nicolas ou Boule et Bill. Mais Bouboule n'a pas vraiment leur panache pour en rajouter dans la laideur : quelques idées seront étalées (petits points de vue incongrus, ralentis, moments d'hallus ou de transes), qui sortent de ce cadre, mais globalement la mise en scène manque de relief.
C'est d'ailleurs la grande caractéristique de cette œuvre : comme Bouboule, ses auteurs sont engourdis dans une espèce de 'pureté' (au sens naïf et sincère), qui à défaut de profondeur et de ressources fortes, conduit à se laisser engloutir, à déambuler avec un aplomb creux. Le scénario est paresseux mais les intentions sont fortes et rejaillissent par quelques saillies perspicaces, quelques morceaux dans les portraits, des engagements ou des perceptions plus larges à l'occasion (à propos de la présence paternelle et des modèles masculins). Une sensibilité, violemment candide, essaie de s'exprimer ; il faudrait de la rigueur et plus d'assertivité pour la faire exulter.
Du territoire de comédie triviale où il est assigné, ce Bouboule essaie de s'élever vers d'autres cieux, manifestement sous influence du cinéma US dit « indépendant ». Ce qui lui manque surtout ce sont les ressources extrinsèques ; pour se distinguer vraiment, la clarté d'un point de vue fini. Certains fardeaux comme la BO immonde de M viennent encore l'entraver, alors qu'il a tant de mal à s'épanouir, malgré le relais favorable du casting. Il y a eu la volonté, orpheline, de faire du Sciamma (Tomboy, Naissance des pieuvres) sur un petit obèse, tout en étant des Dubosc ou des Dany Boon en ramolli. Bouboule ne mérite pas d'être enfoncé, néanmoins cela reste aussi facile que c'est recevable.
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