En revisitant Boudu sauvé des eaux,Gérard Jugnot à tenu à montrer que les enjeux du film n'étaient pas uniquement comiques. Ce clochard débarquant dans l'intimité d'un couple de bourgeois esthètes est à la fois une calamité qui impose sa loi et un bon vivant qui sait se lâcher avec l'alcool et les femmes.C'est cette complexité qui fait que Boudu est un film retors car l'indigent exhuberant finit par devenir le maître d'œuvre de sarabandes dont lui seul sait où elles vont le mener. Pour le spectateur,cette mécanique de prime abord agaçante finit par s'imposer comme un rythme allant de soi.Le seul bémol étant que cette discordance des personnages et des actions ne donne pas au film une identité dramatique.Boudu,loin d'être une comédie, n'assume pas vraiment ses scènes où jaillissent l'ambiguïté,les émotions contradictoires et c'est décevant. Gérard Jugnot, en enfilant uniquement la casquette d'acteur aurait peut-être mieux réussi à faire passer l'ambivalence. Son regard se perdant aussi sur le rendu global en tant qu'adaptateur.Par contre, ce qu'il a bien réussi,c'est amener ses acteurs sur un jeu total.Catherine Frot,Gérard Depardieu et Serge Riaboukine sont à mon sens ceux qui jouent le plus juste car leurs personnages sont les plus frappés.Les autres n'ont que des partitions secondaires car leur rationalité les rend nettement moins intéressants.Au final, le spectacle n'est pas déplaisant si on accepte le vaudevillesque,la comédie dans le drame et les ruptures.Beaucoup d'exigences ne faisant pas de Boudu un film grand public et pouvant décourager le spectateur avide de clarté et d'efficacité.