Pour commencer, évacuons d'un revers de manche les bons aspects du film cela prend peu de temps, il sont peu nombreux (ce qui est consternant quand on aime Tarantino). C'est techniquement une réussite, Tarantino réalise et dirige la photographie, ce qui fait de ce film une réussite visuelle jusque dans la maîtrise des mouvements de caméra qui pourrait paraître improvisés pour un profane. La direction d'acteur est plutôt convaincante, Kurt Russel dominant tout de même de très haut tous les autres qui sans être mauvais ne sont pas non plus exceptionnels. Ça, c'est fait.

Tarantino est réputé (et parfois détesté), pour de longs dialogues et monologues qu'il arrive la plupart du temps à rendre indispensables soit dans le déroulement de l'histoire soit par le second degré irrésistible qu'il leur donne, on n' apprend rien mais la dérision est telle qu'on éclate de rire. Avec Ungloruious Basterds, il avait poussé le vice jusqu'à rendre certains dialogues non seulement indispensables au déroulé de l'histoire, mais ils étaient aussi incroyablement drôles, terrifiants, fascinants ou même politiquement incorrects.

Tout ça pour en arriver à dire que dans Boulevard De La Mort, un film grindhouse (si on veut frimer on va chercher sur google) n'a rien de tout ça, néant absolu. Deux histoires ayant pour unique trait d'union le personnage de Kurt Russel se succèdent sans transition et de manière totalement artificielle. Il y a peut-être en ça du génie, mais il reste bien caché. On sauvera généreusement les dix dernières minutes de la première partie qui nous impose avant ça quarante minutes de dialogues, on sauvera par contre les vingt dernières de la seconde partie, composées d'une superbe poursuite de voitures.

Entre ça, on ne sait pas vraiment, on entend des personnages parler en creux, des nanas parler de mecs, des mecs dire qu'ils vont saoûler les nanas pour coucher avec elles, d'autres parlent d'une fois où une des leurs est tombée dans un trou, probablement celui où tombe également le spectateur. Ce film ne va pas réconcilier ceux qui pensent que Tarantino est verbeux, ces scènes longues, interminables ne servant strictement à rien, elles n'apportent rien à l'intrigue puisqu'il n'y a pas d'intrigue. On ne rit pas non plus, il n'y a pas d'humour, pas de dérision, pas de second degré, pas de politiquement incorrect, rien. C'est long, pénible et ennuyant au possible, mais on tient parce-qu'on sait qu'à un moment on aura nos miettes d'action débridée et ce sont bien des miettes.

C'est d'autant plus rageant quand on pense que le sujet, l'atmosphère du film auraient permis à Tarantino d'ouvrir grand les vannes du n'importe quoi et du total foutrac. On était à deux d'avoir du cinoche à pop-corn véritable, excessif, surtout quand survient au bout de quarante minutes ce splendide crash de voitures, on se dit qu'on va passer le reste du film pied au plancher mais au bout de dix minutes, le soufflé retombe lamentablement.

Alors un conseil qui vient du vécu, si vous voyez les deux films du diptyque, commencez par celui-ci, attendez quelques jours et finissez par Planète Terreur, car comme chacun sait en gastronomie, on fini toujours en mangeant le plat qui a le plus de goût.
Jambalaya
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Votre meilleur Tarantino réalisateur [liste participative]

Créée

le 29 janv. 2013

Critique lue 4K fois

60 j'aime

8 commentaires

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 4K fois

60
8

D'autres avis sur Boulevard de la mort

Boulevard de la mort
Arlaim
10

Le Plan Q

"Faire plaisir au public, c'est comme faire jouir une fille. Et je sais comment m'y prendre !" Oh que oui, il sait parfaitement s'y prendre l’acrobate... Ce bijou controversé, ce soit disant raté est...

le 27 août 2013

129 j'aime

42

Boulevard de la mort
Sergent_Pepper
7

Asphalt rumble

Bien entendu, on peut considérer Death Proof comme une parenthèse dans la filmographie de Tarantino, et ne pas trop chercher, fort de notre très française politique des auteurs, à déceler puissance...

le 18 mars 2016

107 j'aime

5

Boulevard de la mort
Vnr-Herzog
4

Tarantino more

Au fil des années Tarantino est devenu un label façon A.O.C., ce n'est plus un cinéaste il est passé bien au delà de ça, il est une référence, un passage incontournable du cinéma actuel. Fort de ce...

le 25 mai 2010

96 j'aime

11

Du même critique

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

155 j'aime

26

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

155 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

153 j'aime

15