Boy meets Girl, avec ses influences, son potentiel donné sur le papier, son cadre nocturne, était un film rêvé. Mais il n'en reste, après le visionnage, qu'un âpre songe, dont le language n'est pas si mystérieux et renouvelé qu'il n'y parait, plutôt une copie conforme et désintéressée de ceux qu'ils l'inspirent, Godard, Eustache, la Nouvelle Vague... Sauf que tous ceux provenant de cette période cinématographique sont alors passés à autre chose (Godard le dit lui-même en 1968), et Carax est en retard, copiant ses maitres comme un bon élève mais ne livrant pas le résultat d'un bon cinéaste (à l'heure de son premier film, il se rattrapera largement avec son suivant, Mauvais Sang, puis son dernier, Holy Motors, qui sont pour le coups de vrais hommages tout en conservant une identité contemporaine), ne créant rien de neuf, ni l'illusion d'un lyrisme. Ironiquement, les seules scènes vraiment réussies sont celles qui permettent d'identifier un cinéma moderne, celles qui ressemblent à des clips arty, des séquences dont la mise en scène est bercée musicalement.
Les hommages se content juste de gratter la surface des Grands, sans y percevoir l'âme, le cinéaste ne saisissant jamais le tourment parisien comme l'a saisi Jean-Luc dans Masculin,Féminin et Mireille Perrier rend juste hommage à la coupe de Falconetti dans La Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer...
Dommage pour Denis Lavant aussi, car lui peut tout de même se considérer à juste titre comme l'héritier de Jean-Pierre Léaud.
Film fatalement expiré, et vain, et qui manque surtout de respiration spatiale (le Paris nocturne est alors étouffé, et l'ambiance nocturne perd toute sa saveur et son existence). Desplechin aura fait bien mieux comme hommage à la Nouvelle Vague (sans perdre de son inventivité) tout récemment.