... Quelle agréable surprise de voir Darcy défendre devant la cour ce qui semble être un groupe féministe.
Ah, elles montrent leurs seins. Bon. C'est un raccourci facile, mais on ne va rien dire.
Séquence suivante. Darcy dit qu'il comprend le dictateur qui veut faire enfermer ces femmes, qu'est ce qu'elles sont chiantes à la longue en même temps...
Je m'arrête ici pour la retranscription du film. J'étais venue à la séance jouasse, avec l'idée de passer un bon moment devant une comédie romantique sans prise de tête, en mettant de côté mon habituel filtre féministe (celui qui vous fait critiquer les 98% de la "culture de masse" une fois la prise de conscience faite). A ce stade là du film, je l'avais en travers de la gorge, mais j'arrivais encore à rire.
Oui, parce que j'ai trouvé ce film drôle, hilarant même. Rarement j'ai entendu une salle entière se bidonner comme ça au cinéma. Et j'en faisais partie, de ces personnes qui riaient aux éclats, à en avoir presque mal aux joues et au ventre. Il faut dire que ce film surfe sur une vague de candeur et de naïveté apaisantes, qui invitent à se détendre et à mieux accepter ce que l'on voit. Je vous dis, j'ai même réussi à mettre de côté le fait que Bridget soit, depuis plus de 10 ans, obsédée par son poids et son éventuel boyfriend, et surtout qu'elle considère la perte de l'un et le gain de l'autre comme les preuves incontestables de sa réussite.
C'est que je peux presque pardonner à une œuvre ses clichés si le reste est de qualité (et la qualité de mes rires était là).
Jusqu'à la scène finale (spoiler : Bridget accouche). Et là, c'est le début de la dégringolade. On n'a non pas une, ni deux, mais bien trois personnes qui démontent successivement les féministes : ce sont des chiantes, des emmerdeuses, et sûrement toutes des lesbiennes. Ah, ouf, il y a quand même quelqu'un (la mère de Bridget) pour oser prononcer le terme "Défense des droits des femmes" (soulagement bref), pour conclure par un magistral "I mean honestly, do we need any more rights ?!" qui m'a achevée.
Comment, COMMENT, peut on encore prononcer une phrase pareille, sur grand écran, dans un film qui de surcroît vise un public majoritairement féminin?
Pourquoi taper gratuitement sur le féminisme comme ça ? Pourquoi perpétuer cette idée que féminisme = femen = nanas à poil incapables de s'exprimer autrement qu'en criant les seins à l'air = de toutes façons complètement inutiles ? Qu'est ce que vient foutre le féminisme là dedans d'ailleurs ? Je veux dire, en quoi ça fait avancer la narration en plus?
Bref, Bridget semblait montrer des bons points dans les premiers opus (présenter un personnage certes obnubilé par son poids et les mecs, mais qui avait au moins l'avantage d'être différent (eh oui, avant Bridget était grosse) et qui parlait de la complexité d'assumer son image, son corps, face à ce que la société attend des femmes), mais le bruit de fond de ce dernier opus reste non seulement sexiste, mais franchement anti-féministe.
Reste que j'ai passé un bon moment avant d'avoir un goût final amer d'incompréhension.
Ma note est donc plus en adéquation avec mes convictions qu'avec mes zygomatiques. Dommage pour elles.