Thank you folks. Thank you, my little pardners out there.

Septième réalisation du maître, Bronco Billy est souvent considéré comme un bon petit film sans grande prétention devant lequel on passe un agréable moment, sans plus, avec pourquoi pas ses enfants.. Faut bien admettre que ce film n'est pas un chef d'oeuvre de mise en scène et que par ci par là apparaissent quelques maladresses propres à un réalisateur "débutant". Mais Bronco Billy c'est bien plus que ça et on peut le considérer de par sa thématique comme un des films fondateurs de la carrière du bonhomme.

(Pour ceux qui ne sont pas des inconditionnels de l'oeuvre d'Eastwood, passer directement au dernier chapitre car vous allez vous faire chier)

En effet, tout du long de sa carrière, Eastwood n'a eu de cesse de mettre en avant son goût de la communauté fantasmée, de la famille choisie et non plus imposé. Et ce même dans les films qu'il n'a pas réalisé. On a tous en tête l'étrange troupe de Josey Wales constitué d'une vieille pied tendre tout juste veuve et de sa fille (Sondra Locke), d'un vieux et solitaire chef indien et d'un chien pouilleux qui aménage dans un ranch isolé. Et cela se retrouvera tout au long de l'oeuvre de Eastwood : "Doux dur et Dingue" (2 potes, une chanteuse country, un oran outang ), "Honkytonk Man (un chanteur country sur la fin, le grand père, son neveu et une jeune fille paumée s'imaginant starlette), Impitoyable (2 vieux cowboy et un jeune bigleux) ou encore Million Dollar Baby (une boxeuse et 2 vieux entraineurs propriétaires d'une salle d'entrainement miteuse). Des communautés hors norme constitué de marginaux, de laissés pour compte, de miséreux dont rien ne prédestinait à ce qu'ils fassent un bout de chemin ensemble.
Il est d'ailleurs intéressant de noter qu' Eastwood ne joue jamais de personnage père de famille tranquille (à l'exception Space Cowboy): soit c'est un solitaire (Pale Rider, Honkytonk Man, l'homme des hautes plaines.....), soit divorcé (Jugé coupable) soit veuf (Impitoyable, Dirty Harry, Gran Torino...) soit en froid avec ses enfants (Les pleins pouvoirs)

A ces groupes s'ajoutent des lieux qui n'ont l'air de rien mais qui joue le rôle de Paradis pour ces gens (l'hétérotopie chère à Foucault): un ranch à retaper, un bar country, un bordel, une salle de boxe....
Ces êtres ne sont pas à la recherche d'une île paradisiaque, mais juste d'un endroit calme, tranquille, bien à eux, où ils pourront vivre en dehors de la société et de ses dérives, où ils pourront se suffir à eux même. Et c'est le cas de Bronco Billy.

Bronco Billy, c'est juste un adulte inadapté à la société dans laquelle il vit, un grand enfant qui refuse de grandir et dont le paradis se résume à un chapiteau qui lui permet d'être qui il veut (et qui le protège de l'extérieur), à savoir le Buffalo Bill de son époque. Un grand enfant qui pense qu'avec un cheval et deux pistolet il va pouvoir arrêter et braquer un train! Un grand enfant victime du syndrome de Peter Pan qui ne veut pas croire que l'époque des indiens et des cowboy c'est terminé.
Mais aussi un grand enfant qui croit en une deuxième chance.

La seconde chance voire la rédemption, un autre des thèmes majeurs d'Eastwood : l'expiation de William Munny (Impitoyable), la chance de découvrir brièvement le grand Amour de Francesca Johnson (Sur la route de Madison), la chance pour Steve Everett de ne plus être un journaliste minable et alcoolique mais de sauver une vie (Jugé coupable), la chance pour Walt Kowalski de racheter ses "crimes" de guerre (Gran Torino) ou bien tout simplement la chance de Terry McCaleb de pouvoir vivre grâce à une transplantation (Créance de Sang).
Et ici c'est Bronco Billy qui offre une seconde chance à son étrange caravane: à Petite Source et son Grand Aigle de mari qui avait sombré dans l'alcool, au roi du lasso en réalité deserteur, à un Mr Loyal black et à un manchot dont personne ne veut pour travailler. Et ensemble rien ne peut leur arriver. On vit au jour le jour mais tout ces hommes ont enfin une famille. Et cela suffit pour vivre.

On peut noter qu' Eastwood à transposé cette notion de communauté dans sa propre vie. Le résultat en est la création de la Malpaso Company. Il se donne ainsi la liberté la possibilité de s'entourer souvent des mêmes personnes de confiance d'un film à l'autre que ce soit pour la production de ses films (Bruce Sturtees, Henry Burnstead....) ou pour ses acteurs (Geoffrey Lewis, Sondra Locke...). Rien de bien étonnant de la part d'un cinéaste qui lui même à fait partie de la communauté Don Siegel.

Alors certes, sur le pur plan du cinéma ce film ne casse pas trois pattes à un canard, mais la tendresse d'Eastwood pour les laissés pour compte ainsi qu'un humour bon enfant font que l'on s'attache à cette troupe de loser et l'on passe un très bon moment. Bronco Billy aide à comprendre l'oeuvre à venir d'Eastwood.


Intégré à la liste: http://www.senscritique.com/liste/The_Malpaso_Company/173580
Kowalski

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