La musique comme repère

Coralie dites Brooklyn est une jeune rappeuse suisse. Elle s’installe à Paris et travaille dans une association pour gagner sa vie, qui propose aux jeunes rappeurs de s’exprimer. Brooklyn espère bien s’y faire une place...

Il s’agit d’un film à la trame narrative simple qui n’a rien de particulièrement innovant. Le montage est d’ailleurs fait d’une manière traditionnelle, en suivant un mode chronologique. Cependant, on se sent vraiment «imprégné» dans le film, dans l’univers qui est proposé. Les personnages qui sont les éléments principaux du films sont filmés en gros voir en très gros plans. L’intimité des personnages, de leurs sentiments et de leur beauté est clairement affichée. On est contre la peau tatouée de Brooklyn, on sent les regards et les contacts. On est comme enveloppé dans une bulle durant tout le film. La courte focale très souvent utilisée, afin de mettre en valeur les sujets.

Les dialogues sont simples et se veulent réalistes. L'intrigue n’est pas spécialement innovante mais j’ai appréciée sa réalité plus ou moins difficile. Elle est structurée d’une manière simple, parfois un peu trop attendue à mon goût. Néanmoins, cela ne gâche pas le film. On ne vient pas pour être surprit, on vient pour découvrir et écouter. La réalité des personnages est présentée d’un regard cru, presque comme dans un documentaire. Certaines scènes ou certains plans en sont très souvent touchants de réalisme. D’ailleurs si on s’intéresse aux décors ils ne sont pas très nombreux. Il y a l’appartement où vit Brooklyn, les différentes pièces de l’association, le studio et les rues de Paris la nuit. Pour moi, ces principaux lieux sont très importants et symbolisent plusieurs instants de la vie de la jeune femme. En effet, l’appartement est un lieu où elle ne sent pas vraiment bien, comme emprisonnée. Paradoxalement, sa chambre est son refuge, seul lieu qu’elle possède et qui lui est intime. Les différentes pièces de l’association ne sont pas seulement des lieux où Brooklyn passe, il s’agit de lieux où elle évolue, où sa position évolue. Le studio est un lieu «sacré» du film. La première visite de Brooklyn dans le studio est très importante, presque sacralisée puisque la jeune fille réalise en partie son rêve, elle le touche, le ressent pour la première fois dans la bulle qu’est le studio. Enfin les rues de Paris sont synonymes de liberté et d’évasion pour Brooklyn qui y vit presque une autre vie où elle s’échappe du quotidien qu’elle construit le jour.

Passons maintenant à la musique qui est primordiale dans le film. Omniprésente, elle est composée d’une sélection de musiques de rap, interprété ou non par les artistes vus à l’écran. Le film est aussi un débat sur comment la musique est utilisée ; elle est d’abord engagée, une réelle manière d’expression. Puis au fil du film un des personnages

C’est un personnage qui se perd tandis que la musique est le repère du film.

Brooklyn ne raconte pas uniquement la vie d’une jeune artiste. Elle suit de près une histoire d’une génération, d’un groupe social en difficulté. Le film est assez ancré dans le réel. Malgré tout, il ne me semble pas qu’il y ait de la part du réalisateur une volonté de dénoncer les jeunes en difficulté. J’ai plus ressentie une envie de faire connaitre le milieu du rap d’un point de vue différent de ce qu’on pourrait avoir «l’habitude» de voir au cinéma.