"Superman? Je vais vous le cherchez!"
Attention ! Cassons le suspens dès maintenant. Ce film n'est pas un film avec Superman.
Ici Superman (joué par Lung Fei) est un moustachu trentenaire, connu pour être un grand maitre de Kung Fu. Affublé d'un collant noir et d'une mini cape blanche, il tient la CHINESE KUNG-FU, une sorte de dojo en pleine forêt où s'entrainent ses quelques disciples. On reste donc très loin du Clark Kent de DC Comics. Vous voilà maintenant prévenus !
Avant de commencer, je tiens à dire que j'ai revu le film en espagnol pour le "bien" de la critique. Titre traduit -soit dit en passant- en "Bruce Lee contra los Halcones Negros" (Bruce Lee contre les Faucons Noirs). Pourquoi pas, mais bon, le nom du méchant reste Superman, donc gros FAILED pour les distributeurs...
Quand au titre original : Meng Deng Zheng Dong, l'absence d'idéogramme et de pinyin correct ne me permet pas de le traduire pour vous (désolé...). Je suis donc allé demander aux commerçants chinois de ma ville, mais le résultat reste sans appel : personne ne sait à quoi peut correspondre ce titre. Si un chinois passe par là, qu'il me fasse signe, je lui en serai très reconnaissant.
Néanmoins, cela pourrait ressembler à quelque chose comme "La Brume de l'Est". Mais à prendre avec beaucoup, mais alors beaucoup de pincettes car je n'en suis pas du tout sûr.
Ceci signalé, revenons en au film, et quel film! Car il commence sur les chapeaux de roues !
Sans trop spoiler (même si série Z oblige), le film s'ouvre sur une course-poursuite entre la police et des cambrioleurs. C'est le premier choc du film, car on est en effet bien loin des courses-poursuites d'un 'Bullit' ou d'un '60 secondes chrono'. Les scènes sont longues et manquent réellement de pêche. C'est d'ailleurs l'un des gimmicks du film, car on en verra vite d'autres.. A tel point qu'on ne s'étonnera même plus de voir nos protagonistes se faire doubler sur l'autoroute par la population.
Enfin bref, les cambrioleurs s'empressent de jeter le butin par la fenêtre de la voiture, un couple qui se bécotait en contrebas trouve le sac, l'ouvre et TADAAAAAAAAAA !!!!!
Bruce Lai sorti de nul part, fait son apparition sous les traits de Kaito et explique au couple un peu surpris qu'il ne faut pas toucher à cet argent-Volé !-, et qu'il faut le rendre de suite au commissariat.
L'occasion pour lui de montrer sa "superbe" Black Beauty et de dire un "Je vous accompagne" cabotin à souhait. C'est donc en bon chauffeur que Kaito les conduit au commissariat le plus proche. C'est sur ce plan totalement absurde que le générique débute. Une intro reprenant le dessin du Green Hornet avec une musique différente et surtout, (copyright oblige) un frelon rouge !
Oui oui ! Vous avez bien lu, le frelon vert est en réalité rouge, chose que vous ne verrez qu'à la toute fin du film. D'ailleurs une polémique se pose sur ce sujet. Ayant eu la chance de le voir dans sa version sous-titrée il y a déjà pas mal de temps, il me semble qu'en français le nom de Kaito fut traduit en frelon vert pour le film.
C'est ce qui me rend perplexe, car notre héros loin d'être milliardaire, tient le rôle du héros pendant 99,99999999 % du film, de plus à la fin du combat contre Superman, on le voit porter un costume rouge avec un énorme frelon brodé dessus. Plus de doute possible me direz-vous ? Sauf que dans les 20dernières secondes du film, un américain mal rasé apparaît sous ce même costume rouge, masque en plus. Mais WTF ! Bordel !
Ce serait donc ça la morale du Film ? Kaito ne serait que le serviteur du "vrai" frelon vert (enfin rouge ?)
La question se pose, d'autant plus que le dernier film de Michel Gondry part aussi dans cette optique. Le Frelon Vert, éternel incapable mais richissime homme d'affaire, récolterais tout le fruit de son co-équipier.
Y aurait-il un deuxième sens dans ce film ? Une critique cachée envers le capitalisme américain et le libéralisme anglais ?
Il est vrai qu'Hong Kong était encore sous l'emprise de l'Angleterre, mais cela suffirait-il pour produire un film de propagande sous le nom de Bruce Lee Against Supermen ? Je ne pense pas, mais la question mérite tout de même d'être soulevée.
M'enfin bref, remballons notre Kapital (surtout si celui-ci est préfacé par Besancenot), car la morale est sauve. Le générique de fin se déploie devant une image d'un Kaito souriant et levant son index comme pour nous faire comprendre que de nouvelles aventures les attendent.
Car après tout, Bruce Lee contre Superman reste un pur produit de la bruceploitation, tous les clichés du genre s'y retrouvent. Entre des bruitages de combat pire qu'un Street Fighter 2 (c'est dans ce film que j'ai réalisé que les bruitages étaient montés en postproduction), on y retrouve la jolie fille qui se baignera toute nue au début du film, des plans fixes en long, en large et (surtout) en travers, des méchants un peu idiots, etc......
Alors certes, ma note peut sembler un peu excessive, mais voyez cela comme une note coup de cœur. En effet, Bruce Lee contre Superman a été mon premier film du genre, et pour en avoir vu d'autres par la suite, je dois dire qu'il s'en tire haut-la-main. En tout cas bien mieux qu'un Bruce Lee in New Ginea ou tout autre film de Bruce Le (mea-culpa pour ses fans....)
Enfin, signalons la présence de Yung-Yu Chen pour la musique. Compositeur extrêmement productif dans les années 70 (175 O.S.T. composé entre 1970 et 1982 selon l'IMDB), connu plus tard pour avoir fait les musiques de La Nouvelle Fureur de Vaincre avec Jacky Chan et de La 36éme Chambre de Shaolin (oui oui ! C'est bien de là que vient l'album 36chambers du Wu Tang Clan^^).
Yung-Yu Chen nous signe ici une bande originale influencé à 101% par du Gene Page (compositeur de Blacula), mélange de Funk et de Soul, sa musique sera tout juste complétée par quelques chansons chinoises traditionnelles.
Bruce Lee contre Superman fait donc parti de ses nanars accessibles à tous. Plutôt bien conçus, il a le mérite d'offrir un scénario totalement original pour son époque (un scientifique ayant pour but d'éradiquer la famine dans le monde trouve un moyen de changer le pétrole en nourriture. Malheureusement, des bandits vont vouloir lui piquer son idée pour gagner de l'argent...).
Pour une fois qu'on ne nous sort pas une histoire de guerre de gang ou bien l'attaque d'un monstre sortit de nul part.
Il serait donc bien dommage de s'en priver non ?
P.S : Signalons la sortie en 1977 d'une possible suite sous le nom de: Super Dragon Against Superman (Meng Long Jing Dong). En effet, dans ce film tourné 2ans plus tard, on retrouve les mêmes acteurs. Malheureusement le film reste introuvable.