Les frères Coen reviennent sur le crétinisme de la société américaine, un thème récurrent chez eux.
Ils nous dépeignent une société déliquescente dans laquelle chaque individu est centré sur lui-même et imperméable au monde qui l'entoure. Autant de personnages, autant de microcosmes individuels, de bulles narcissiques qui évoluent dans toutes les directions, se doublent, se croisent, semblent naviguer de concert pendant un temps puis se séparent et parfois se percutent. On pourrait y voir une image de Sens Critique, mais c'est une toute une société qui retourne au chaos.
En fait, si les Coen décrivent la société américaine, nous devons le recevoir comme une critique des sociétés occidentales et ne pas hésiter à nous voir dans cette caricature.
Je parle de caricature, car jamais les deux frères ne sont allés si loin dans l'outrance et dans l'accumulation des absurdités. Pourtant si nous prenons chaque individu séparément, il nous rappellera un idiot de notre connaissance (je devrais peut-être faire plus attention au choix de mes amis...). C'est l'absence d'individus d'apparence raisonnable qui fait apparaître l'ensemble excessif et loufoque.


Déjà en 1966, Jacques Lanzmann et Jacques Dutronc pensaient que l'égocentrisme est une des grandes tares de notre époque:
https://www.youtube.com/watch?v=3GmNh9R2Deo


L'affaire se développe autour d'un temple du narcissisme: une salle de sport où chacun vient sculpter son corps. Le personnel de cette salle découvre une cassette qu'ils interprètent selon leurs désirs et décident d'exploiter à leur avantage. Ils sont sourds aux souhaits les uns des autres et seule la communauté d'intérêt les unis au milieu d'un quiproquo égocentrique généralisé.
L'auteur de la cassette est un caractériel centré sur son orgueil qui veut se venger de ce qu'il considère comme une humiliation.
La CIA ne veut pas de vagues et fait disparaître les cadavres sans chercher à comprendre s'ils peuvent la compromettre: "Revenez me voir quand vous aurez compris quelque chose".
Les russes refusent d'acheter les mémoires qu'un paranoïaque s'apprête à publier (tiens, c'est pas con, ça...)
D'autres personnages liés aux premiers satisfont leur égo en multipliant les rencontres par l'intermédiaire des sites spécialisés.
Personne n'écoute ses interlocuteurs. Les dialogues ne sont que des monologues croisés.


Les frères Coen nous décrivent la chute de l'empire américain. Nous voyons le déclin de la civilisation occidentale.
C'est triste à dire, mais avec des acteurs au mieux de leur forme et des dialogues qui fleurtent avec le surréalisme, le spectacle de notre déchéance est tout à fait jubilatoire.


Il y a le jeune con de la dernière averse, le vieux con des neiges d'antan, le petit con, le brave con, le pauvre con, le grand con, le sale con, le méchant con, l'horrible con, le roi des cons, le con prétentieux, le con satisfait, le con bienheureux, le con méprisant, le con-stipé, le con-vaincu, le con-cul-pissant, le con-sternant et le con-sterné, le con-patissant, le con-tribuable, le con-sidéré, le con-génital, le con-patissant, l'abs-con ...


Il y a aussi celui qui y croit et celui qui n'y croit pas, celui qui pense et celui qui n'y pense pas, celui qui n'a rien fait et celui qui n'était pas là, celui qui sait tout et celui qui ne comprend pas la plaisanterie, celui qui se glorifie de ses réussites et celui qui ressasse ses échecs, celui qui est à l'Ouest et celui qui se tourne vers l'Est, celui qui écrase et celui qui se soumet, celui qui prend le nouveau testament pour la bible et celui qui prend Le Pirée pour un homme, celui qui veut des sous et celui qui préfère la gloire, celui qui vend son âme au diable et celui qui tue au nom de Dieu, celui qui suit le mouvement et celui qui fête la victoire d'un pays avec le drapeau d'un autre pays ...


Alors crois-moi si tu n'es pas con:
"Tout le monde, il est con."
... Et c'est un con qui te le dit!

-Marc-
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le 6 déc. 2017

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