Jong-Soo vogue dans la ville, dans son embardée, il tombe face à une jolie jeune fille, Hae-Mi, ils se connaissent déjà, mais s'étaient oubliés au coin de la vie qui passe, ou du moins lui l'avait oubliée. Elle, se souvient de lui, il lui avait dit qu'elle était moche quand ils étaient enfants, ils discutent puis le jour suivant, ils baisent. Et tout aurait pu s'arrêter là, mais la blanche fée après l'acte de chair avait sonné l'abordage du cœur du jeune homme, elle y a laissa comme une brûlure, une cicatrice de réminiscence, pour que plus jamais qu'il ne l'oublie et c'est vrai qu'il ne l'oublia plus.
Le film est magnifique, plein de beauté et de langueur. Dans cette Corée aux relents spirituels, se livre une bataille perdue d'avance où la ville, grignote et se goinfre de la campagne. Les personnages eux-mêmes sont des allégories, des métaphores de cette bataille, ils sont des homunculus représentants des éléments. Le personnage principal a la bouche toujours ouverte, le pas aussi lourd que les rochers, et se déplace aussi doucement que les plaques tectoniques. Il est une terre aride, où rien ne luxurie, ni aucune plante ne se prélasse. Hae-Mi, représente de multiples facettes de son élément air et ne pourrait être défini sur une chose unique ; elle est le vent, changeant, aux humeurs tournantes, passant du rire aux larmes, de la joie à l'émoi. Hae-Mi est une sylphide, esprit de vent, nymphe de l'air qui éprouve une douleur atroce à l'idée de rester sur place alors elle bouge, elle danse, elle s'envole, s'en va... Hae-Mi est aussi le soleil, surtout celui de Jong-Soo, elle lui apporte un peu de vie sur sa terre ravagée, y fait pousser des fleurs grâce à ses rayons, le brûle sans faire exprès et puis elle s'endort, n'importe où, quand vient la nuit elle est un couché de soleil. Elle est aussi évanescente qu'un nuage, on tend les bras pour l'attraper, mais on brasse le vide, elle disparaît sans laisser de traces, comme un nuage, pouf ! Évaporé ! Enfin, le dernier personnage, Ben, figure de l'antagoniste, voiture noire, personnage plongé dans la modernité, élément feu, élément fer et argent, argent la matière et argent le biff, Ben est un enfant de son temps, qui a vécu une vie totalement éloignée des deux autres personnages. Ben veut s'amuser, il voit en Hae-Mi une Bohémienne, une aliénée et aliène à montrer à ses amis mondains, Hae-Mi est le « bon sauvage » que Ben veut présenter à sa cour, et éduquer docilement. Il voudrait que Jon-Soo écrive sur lui, comme l'homme cherche à laisser les traces de sa présence sur la terre. Ben, l'allégorie de l'Homme avec un grand H arrive et dérègle la symbiose du soleil et de la terre, entraînant un réchauffement climatique chez Jong-Soo qui, échauffé de colère se vengera de l'Homme.
En dehors de tout ces sens abstraits que j'ai pu coller comme des étiquettes aux personnages, je voudrais finir sur le fait que le film est totalement réussit, même la partie thriller est magnifique, j'ai eu l'impression avec les plans voitures quand il suit Ben, de revoir les mêmes plans que dans "Under The Skin" quand le personnage principal cherche des proies en conduisant sa camionnette. Bref, le film est une réussite, les images sont fabuleuses, les acteurs sont fabuleux, il faut avouer que pour la fin, j'aurais voulu quelque chose d'opaque, de net et précis, mais je comprends totalement le choix de la fin ouverte, après tout Hae-Mi n'est qu'un nuage. Reste t-il que je ne trouve pas que le titre soit du meilleur goût, car le tout est plutôt planant, lent et contemplatif, rien n'y est de passion brûlante et sanguinaire même s'il a du sang, et même s'il y a du feu, il n'y en a juste pas assez pour en faire un titre, juste assez pour faire brûler mon cœur.