Ce film spendide, ce beau tableau de la jeunesse coréenne, plein de finesse, dessine deux vies parallèles, au travers d'une montée chromatique, des sentiments, de la tension, des musiques, une très longue quête de repères et du bonheur, pavée de l'incompréhension entre les trois acteurs principaux, de faux concurrents qui pourraient être très bons amis.
Pour l'un - Ben, esthète - tout semble facile, déjà gagné. Sans doute héritier.
Pour l'autre - Sangsu - détaché d'un père et d'une mère ingérables, la trajectoire de fermier semblait acquise, mais une femme, une ancienne amie, surgit, qui chamboule les coeurs de sa sensibilité et de sa liberté, puis disparait.
Quantité de repères : images, messages et musiques, à découvrir en une ou plusieurs fois.
Le film n'est pas lent, il laisse le temps de voir et d'appercevoir de nombreuses attaches au cinéma français : Jules et Jim, Louis Male, Ascenseur pour l'échaffaud, Le Mépris
Le film est profond, structuré, cultivé, j'ai aimé me reconnaître tour à tour chez Ben, chez Songsu, chez Haemi.
La bande son est extrèmement belle et travaillée, sa grand force s'exprime plus que la parole - discrète - des acteurs.
La composition est moderne, sobre, coréenne ou reprend Miles Davis.
Comment échapper à son sort ? A la succession parentale ?
Impossible, même en retournant à l'état primal, en reprenant sa vie à zéro, nettoyé et nu...