Comédie qui pleure
Éternellement passionné par New-York et son métier, c'est tout naturellement que Woody Allen vient remettre les couverts en offrant un énième hommage à sa ville natale ainsi qu'à Hollywood. Vous...
le 12 mai 2016
43 j'aime
9
Eux aussi, ils ont des difficultés, revers, malheurs et même chagrins d'amour, figurez-vous, mais ils les prennent avec humour ! C'est ça le message implicite de Café Society ?
Le dernier Woody Allen est une comédie déconcertante, insaisissable, pleine d'ironie.
Les personnages de cette café society, qu'on soit à Los Angeles dans le monde du cinéma hollywoodien ou à New York City dans celui des nightclubs à la mode, sont tous peu ou prou superficiels (frelatés, faux, inauthentiques), jouent un numéro, se comportent de façon artificielle ...
Cela donne un film souvent drôle (genre humour juif), léger, enlevé, plein d'autodérision et qui, néanmoins, baigne dans la mélancolie. Woody Allen a 81 ans. Le climat faussement joyeux de son tout récent opus s'en ressent ; le réalisateur a bien dû penser, en l'écrivant et le dirigeant, qu'il n'y en aurait peut-être pas beaucoup d'autres ensuite.
Sinon, techniquement, rien à reprendre : la photographie, la bande son, le montage sont vraiment nickel chrome. Côté interprétation, par contre, les 3 acteurs principaux (Jesse Eisenberg, Kristen Stewart et Steve Carell) donnent l'impression de n'être pas toujours très à l'aise dans leurs personnages respectifs (Bobby, Vonnie et Phil) , particulièrement Jesse Eisenberg. Dans la deuxième moitié du film, il surjoue souvent (volontairement ?), faisant de Bobby quelqu'un d'artificiel, de vidé de lui-même et en permanente représentation (j'ai aussi eu l'impression qu'il avait une sorte de complexe niveau taille, comme s'il souffrait d'être petit ou de ne pas avoir l'épaisseur ou l'envergure de Steve Carell, son oncle agent de stars). Kristen Stewart s'en tire mieux avec le personnage de Vonnie. Il est vrai qu'elle est devenue, au fil des nombreux films tournés, une remarquable actrice, une des meilleures de sa génération.
Je peine à juger ce Café Society. Il est le fruit de l'immense expérience cinématographique et humaine d'un réalisateur de talent, mais qui commence à se faire vieux et qu'on sent, même s'il s'en défend, plein de regrets du temps passé, de sa jeunesse enfuie, du Bronx et du Hollywood d'avant la Deuxième Guerre Mondiale. J'ai apprécié le film, je le juge plutôt bon, mais il me laisse un sentiment mitigé sur sa signification. Est-ce une critique de la café society d'alors (renommée, je crois, dans les années 60 : jet society puis, 40 ans plus tard, monde des people) ? J'ai plutôt l'impression que c'est une tentative de reconstitution de ce monde, qu'Allen a voulu faire revivre cette époque (qu'il a presque connue puisque né en 1935) et qu'il l'a décrite avec humour, autodérision et néanmoins tendresse, en nous laissant un message final assez mélancolique : au départ, on rêve d'une certaine vie et puis souvent, on en vit une autre, dont il faut bien se contenter (tout en regrettant celle qu'on avait rêvé d'avoir). En somme, une mélancolie de fin de parcours, de quelqu'un qui cracherait bien dans la soupe mais qui, conscient quand même d'avoir été abreuvé d'honneurs, a scrupule à le faire. Et une façon pleine d'humour de dire au tiers état d'aujourd'hui (la cohorte de ses spectateurs) : "Il m'est revenu aux oreilles que vous n'êtes pas très heureux dans votre vie, mais rassurez-vous, moi non plus".
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2016 et Les meilleurs films avec Kristen Stewart
Créée
le 14 mai 2016
Critique lue 304 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Café Society
Éternellement passionné par New-York et son métier, c'est tout naturellement que Woody Allen vient remettre les couverts en offrant un énième hommage à sa ville natale ainsi qu'à Hollywood. Vous...
le 12 mai 2016
43 j'aime
9
La vie n'est pas très attrayante pour Bobby Dorfman dans le New York du début des années trente. Il est vrai qu'au sein de cette famille juive il paraît bien mal à l'aise entre des parents en...
le 25 oct. 2017
42 j'aime
17
Woody Allen est l’un des réalisateurs les plus prolifiques de ces dernières années avec une cadence d’un film par an depuis Annie Hall sorti en 1977. N’appréciant pas la compétition dans l’art,...
le 5 mars 2017
38 j'aime
1
Du même critique
J'ignore à peu près tout des mangas. Je n'aime généralement pas les films d'animation, les dessins retirant, selon mon ressenti, de la vérité au déroulement filmé de l'histoire qu'on regarde. Et je...
Par
le 25 sept. 2021
37 j'aime
19
J'ai vu plusieurs films réalisés par Nicole Garcia. Le seul qui me reste vraiment en mémoire est Place Vendôme que j'avais aimé. Elle, je l'apprécie assez comme actrice, encore que je ne me souvienne...
Par
le 17 nov. 2021
33 j'aime
16
Les deux premiers tiers du film sont bons, voire très bons, en tout cas de mon point de vue. J'ai trouvé ça intéressant à regarder et à suivre. Et même passionnant. Est-ce outrancier ? Je ne connais...
Par
le 17 août 2021
33 j'aime
19