- Ca baigne Frank ? - Oui, et toi Frank ? - Tranquille Frank ! - On s'emmerde pas un peu Frank ?!
Y a des jours comme ça où l'on tombe sur des films assez improbables.
Deuxième film du mythique finlandais Kaurismaki, et juste avant le très sympa "Shadows in paradise".. Un scénar d'anticipation absurde où une bande de 17 mecs (tous rockeurs, et probablement amis du réalisateur) qui s'appellent tous Frank (comme dans le film Casino Royale des 60's en fait, où ils s'appelaient tous James Bond), ont décidé de se lancer dans une quête hors du commun : quitter Helsinki, parce que c'est la grosse misère, pour atteindre "Eira", un paradis chimérique..
Pour cela, ils devront braver moult obstacles : traverser la ville déjà, et visiblement Helsinki est un milieu assez hostile, où l'on peut se faire flinguer à chaque station de métro. Ne pas s'énerver, ne pas agacer les autochtones (sinon c'est la mort au tournant), rester soudés, ne pas tenter le suicide, trouver un moyen de transport, ne pas dormir dans les arbres, ou sur le capot des voitures...
Certains vous mourir, d'autres vont ruser, d'autres se noyer dans les égouts, et ça dure 1h20 et c'est absolument n'importe quoi.
A certains moments, les personnages récitent du Prévert, du Michaux ou encore du Baudelaire. En temps normal c'est assez rude, je vous laisse pas imaginer l'épreuve quand on voit le film en version finlando-anglaise avec des sous-titres exclusivement anglais.
A d'autres, on découvre le vrai talent de nos amis rockeurs qui se lancent dans des concerts improvisés venus de nulle part dans la "narration" du film, et c'est plutôt très drôle à voir avec des paroles très profondes types "I am A BAD BAD BAD VERY BAD BOY AND I WONT BE YOUR TOY". (Tiens la séquence est même sur youtube ! Oh yeaah http://www.youtube.com/watch?v=NhPZZWwDpQ4 )
Sinon le film est visuellement superbe, la photo en noir et blanc est assez incroyable, et le style hyper classieux magnifié par une BO blues au poil.
Mais l'impression globale de voir Kaurismaki s'amuser dans un délire autistique, à faire un peu n'importe quoi avec ses potes sur 1h20, peut quand même rester méchamment en travers de la gorge, et à la longue fatiguer le spectateur impatient et plus terre-à-terre.