Voici le film qui a fait de moi un homme, bienvenue dans mon petit univers. Souvenez-vous, Les Valseuses, en 1974, avec le duo Dewaere-Depardieu, et deux ans plus tard Préparez vos mouchoirs. Entre les deux, un trésor, un secret bien gardé, une pépite maudite : Calmos. 1976, en pleine libéralisation sexuelle, Blier pose ses couilles sur la table et démonte tout sur son passage. Deux hommes, simples et bons, après des années de devoir dominical, pètent les plombs. Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort s’enfuient alors vers l'eldorado, un petit village fait de tripes et de vins. Exténués, ils n'aspirent qu'au calme. Calmos ! Mais bientôt, leurs femmes viennent les récupérer, et les ennuis commencent.

Un ovni ? Calmos l'est certainement. Un nanar ? Sans doute. Le film s'inscrit dans une période plutôt crue du cinéma français, l'âge d'or de la comédie gauloise. L'ouverture où Jean-Pierre Marielle, gynécologue, abandonne sa baguette et son cabinet à la vue de sa patiente se grattant le vagin donne le ton. Calmos ne prendra pas de pincettes, et ne laissera personne indifférent. Provocation ? Il vaudrait mieux aller chercher du côté de Soleil vert. Non, ici il ne s'agit pas de ça. Calmos ambitionne la paix, l'amour, le silence, il prend tout son sens à Pâques, lorsque les fleurs fleurissent et que les bourgeons bourgeonnent. Décontracté du gland, Calmos l'est sans aucun doute.

Cette fable rabelaisienne prend dans sa seconde moitié une tournure toute particulière, et très vite on comprend que Blier ait pu qualifié son film de « raté ». Tel un bâtard qu'on cacherait dans le cellier, difficile d'assumer un tel déchaînement : une armée d'amazones nymphomanes pourchassant nos compères ainsi que toute la gente masculine, une guerre sans merci, sans pitié, jusqu'à ce que l'orgasme nous sépare. Les errances de Marielle et de Rochefort, en roue libre, peinent à masquer un film qui en arrive moins à choquer qu'à écraser l'esprit. Bien sûr, il reste les acteurs, les beaux paysages de la Côte d'Or, le thème musical digne d'un Crooner qui aurait un peu trop regardé La soupe aux choux, les répliques ; mais tout ça reste assez vain, les dérapages perdent en saveur et on s'ennuie foncièrement. Alors on rembobinera la cassette et on appréciera une première moitié mémorable. Blier, t'as quand même sacrement déconné.
Sledgekind
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le 8 août 2012

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