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Pari risqué que d’adapter en un seul et même métrage les sept romans d’Arturo Pérez Reverte. Et à vrai dire, sur ce point précis nous sommes en droit d’émettre quelques réserves. Alatriste souffre en effet d’un véritable déficit rythmique causé par un scénario décousu. Ceux qui préfèrent voir le verre à moitié plein parleront d’un scénario poussant le spectateur à la réflexion, l’incitant à rester en alerte, se refusant à lui mâcher le travail, à l'accompagner outre mesure, bref, un scénario comptant sur son intelligence pour combler les non-dits et décrypter les sous entendus. Bien que j’aime à défendre ce point de vue, je ne peux décemment jeter la pierre à ceux qui n’y verront à l’inverse qu’une banale maladresse d’écriture. Mais derrière ces manquements se cache un film étonnant, un film de cape et d’épée réaliste, très à cheval sur l’historicité et émaillé de références au genre du western. Alatriste ne fait pas dans l'esbroufe, si certains lui reprochent une mise en scène manquant de flamboyance, au profit d’un ascétisme et d’une sécheresse toute espagnole, c’est pour mieux retranscrire la personnalité du personnage éponyme ainsi que l’univers dans lequel il évolue par le biais d’une mise en scène statique basée sur une succession de tableaux éclairant le véritable but du film : autopsier la chute de l’empire espagnol et ses causes en revenant sur quelques grandes dates de cette trouble période en faisant du capitaine Alatriste le témoin privilégié de cette décadence. Le film s’ouvre de ce fait sur un planisphère arguant de l’écrasante domination de Philippe IV sur le monde, pour logiquement se clôturer sur la fameuse bataille de Rocroi, marquant la fin de l'hégémonie ibérique en Europe. Entre ces deux scènes : d'éprouvantes campagnes sur les hérétiques terres de Flandres, des intrigues de cour impliquant des duels de rapières, des trahisons, des règlements de comptes, des histoires d’amour contrariés par le désir de réussite sociale, des riches de plus en plus riches, des pauvres de plus en plus pauvres, le tout menant à la mort d’un empire.
Si nous pourrions épiloguer encore et encore sur la portée civilisationnelle du film, le moment est pour moi venu de débrancher mon cerveau pour parler avec mon cœur et mes tripes. Car si Alatriste m’enchante à chaque nouveau visionnage, c’est moins pour son propos que pour sa capacité à capter brillamment l’essence d’une époque, une mentalité, une atmosphère, un art de vivre, qui passe à la fois par le jeu fascinant et habité de Viggo Mortensen, par la sublime photographie de Paco Femenia, directement inspirée des peintures de Velasquez ou de Caravage, par la magistrale bande originale de Roque Banos ou encore par les fabuleux décors de la vieille Espagne. Cette dimension du long-métrage a d’autant plus d'impact sur moi qu’elle use d’une imagerie qui renvoie à ma propre identité culturelle, par le biais notamment de la gestuelle suave de Mortensen, ouvertement inspirée des toreros, ainsi que par l'intermédiaire de la musique de Banos, piochant allègrement dans le flamenco ainsi que dans les pasodobles résonnant chaque été dans les arènes d’Espagne ou de ma chère Gascogne. Si je conçois, et revendique la subjectivité totale de ce dernier point, il permet cependant de mieux saisir le sentiment de passion et de proximité que me procure ce film. En un mot comme en mille, Alatriste c’est l’Espagne, l’Espagne dans sa chair, dans son sang, dans sa sève, un western ibérique épique, qui fleur bon le tanin et l'armagnac, une plongée totale dans un siècle furieux, une claque visuelle magistrale, habitée de bout en bout, peuplée de gueules que Velasquez aurait aimé peindre et Leone filmer. Alatriste est un film qui ne délaisse jamais ses personnages et en fait les témoins privilégiés de la mort de leur monde. Un film non sans défauts, donc, mais qui a pour vertu non négligeable de me toucher droit au cœur, de parler à mes tripes, un sentiment à mon sens bien trop rare pour ne pas être souligné.
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Créée
le 18 sept. 2023
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