Carambolages par Cinemaniaque

Des dialogues signés Audiard, un scénario souligné par le très sous-estimé Pierre Tchernia, un pitch plutôt sympa de l'employé qui dézingue les patrons pour monter à son tour l'échelle du pouvoir... Tout était réuni pour donner un petit film délicieusement noir, tour à tour comédie "à la Ealing" et satire sociale. Il n'en est malheureusement rien.

Pas vraiment la faute à Marcel Bluwal, cinéaste propret, qui a reconnu que son film était plutôt loupé - il faut dire que le brave Marcel a un certain sens du timing mais pas de la rentabilisation de son décor tout vertical, avec escaliers et ascenseurs. Pas vraiment la faute à un casting assez bon, y compris un De Funès qui n'a pas toujours été la meilleure bouche pour du Audiard (si on excepte la jolie réplique

Pourquoi ne pourrait-on pas tout avoir ? Il y en a bien qui n'ont rien
! Ca ferait une moyenne !

Le problème, c'est que le cynisme n'atteint jamais la ligne d'arrivée, la prémisse n'est jamais développée, la mort arrive bien trop tard : disons le film gentillet, peut-être taquin, tout au plus polisson mais jamais, au grand jamais !, absolu. Il n'y a pas dans ce carambolages l'once d'une méchanceté - ce qui est très dommage pour un film qui repose sur l'arrivisme par le meurtre, vous en conviendrez.

Un film en demi-teinte donc, pas déplaisant mais dont le manque flagrant ne fait qu'accentuer le fossé entre un certain cinéma français et des films britanniques comme Noblesse oblige ou Ladykillers.