Poker Fa(r)ce

Sérieuse douche froide puisque après le très fréquentable et réussi Le Sang Des Innocents, Dario Argento réalise Card Player , un thriller poussif et d'autant plus décevant que le générique compte bien trop de talents pour se contenter d'un résultat aussi insipide. Trop lent, trop prévisible,trop long, trop poussif et trop sage Card Player compte parmi les plus beaux ratages du réalisateur.

Dans Card Player (Il Cartaio) nous allons suivre une jeune enquêtrice italienne aidée d'un inspecteur britannique qui tentent de confondre un tueur psychopathe lequel joue le sort de ses victimes lors de cruelles parties de poker en ligne. Si la police gagne il relâche sa victime, mais si il sort vainqueur il exécute la malheureuse …

Le problème majeur du film vient peut-être de son intrigue en elle même qui à moins de faire preuve d'une certaine virtuosité de mise en scène n'invite pas vraiment à la tension ni au suspens. Il est évident que venir orchestrer tout un thriller autour de parties de poker en ligne via un vieil écran d'ordinateur très moche ce n'est pas vraiment l'exercice le plus simple et le plus glamour qui soit. Malheureusement, et sans grande surprise, Dario Argento ne parvient jamais à insuffler la moindre tension et le moindre suspens à d'interminables parties de poker presque aussi palpitantes à regarder qu'un tournois de sudoku dans une maison de retraite un dimanche de Toussaint. Il faut tout de même un sacré talent pour rendre sexy un écran type Windows XP avec des animations toutes moches et à l'évidence le Dario Argento de 2004 ne l'a pas. Fatalement le film s'articulant pour beaucoup sur ses parties de cartes en ligne dont tout l'aspect bluff et lectures des signes extérieurs des joueurs est absent, on s'ennuie assez fermement d'autant plus que le scénario n'est même pas pleinement crédible et convaincant, nos flics attendant notamment la moitié du film et deux victimes avant de se dire qu'il faudrait peut être trouver une personne qui sache jouer un petit peu au poker pour affronter le tueur. En plus il me semble assez évident de griller le tueur des les premières minutes du film ce qui niveau suspens reste assez problématique. L'intrigue n'est donc pas de plus palpitante et c'est d'autant plus dommage que le duo de flics incarnés par Stefania Rocca et Liam Cunningham (Game of Thrones) fonctionne pas trop mal à l'écran, mais la structure même du film l'empêche constamment de décoller en revenant systématiquement devant ce foutue écran.

Card Player est d'autant plus décevant que le film réuni pas mal de prestigieux noms à son générique, de quoi s'interroger en tout cas sur la fadeur de téléfilm neurasthénique de l'ensemble. En dépit de quelques maquillages de cadavres saisissant de réalisme un peu glauque on ne pourra qu'être déçu de voir les talents de Sergio Stivaletti aussi peu exploité à l'écran avec bien peu de séquences horrifiques. Quant au talent du directeur de la photographie Benoît Debie (Calvaire – Irreverssible ) il reste ici bien caché derrière des images assez fadasses et sans identité d'un banal téléfilm sans grand relief à l'image de la mise en scène de Dario Argento. On tirera sensiblement le même constat un peu amère du score de Claudio Simonetti qui rétrospectivement ne laisse strictement aucun souvenir particulier. Difficile d'imaginer perdre la partie avec tellement de bonnes cartes entre les mains mais c'est pourtant l'exploit que parvient à faire Card Player.

Card Player s'avère donc être un thriller très décevant et pataud qui étire péniblement sur 105 minutes une intrigue qui ronronne déjà au bout d'une demi heure. Dario Argento avait pourtant toute les cartes en main, mais le film ressemble franchement à un gros coup de bluff perdant.