Une copie brouillonne et fauchée d'Aliens
Si Carnosaur premier du nom a été, en un sens, un succès commercial, c’est grâce à sa piètre renommée qui lui ont permis de faire fureur dans les bacs (sorties VHS et plus tard DVD), et également à son faible budget d’un petit million de dollars, facilement rentable même quand on est un navet surfant sur la notoriété d’un autre (en l’occurrence, Jurassic Park). Il n’est donc pas étonnant de voir une suite déboulée aussi vite, qui tente de réitérer l’exploit de s’enfoncer un peu plus dans la débilité assumée. Seulement voilà, Carnosaur 2 va dépasser les limites à ne pas franchir, perdant au passage le « petit charme » que possédait l’opus précédent.
Bien entendu, il est inutile de pester contre le ridicule du scénario, les personnages clichés et mal joués, les effets spéciaux grotesques et les décors bas de gamme. Le premier film avait conscience de cela et en avait fait sa marque de fabrique, quitte à se faire descendre par les cinéphiles. Néanmoins, son parti pris de ne pas s’en cacher, de ne pas se prendre au sérieux sauvait un peu les meubles et en faisait un divertissement sympathique. D’autant plus que l’ensemble mettait en avant des effets gores à gogo pour rehausser le côté nanar du projet. Carnosaur 2 suit cette même logique, mais de manière bien maladroite.
Oui, les acteurs jouent mal. Oui, les situations sont toutes aussi ridicules les unes que les autres que nous ne pouvons les prendre au sérieux. Oui, les effets spéciaux sont catastrophiques et le film ne les cache jamais. Mais jamais, au combien jamais, nous n’arrivons à retrouver la jouissance du premier long-métrage. La faute principalement à la violence visuelle de l’opus précédent, qui semble totalement absent et ce malgré 2-3 séquences abordant ce ton. En n’ayant pas le plaisir sadique que procurait Carnosaur en faisant pleuvoir les morts sanglantes, il est difficile de s’intéresser à cette suite qui, sur le coup, n’amuse pas autant voire pas du tout. Au contraire, Carnosaur 2 ennuie, traîne un peu trop en longueur, et désespère par un happy end en contradiction avec la fin pessimiste du premier volet. Le tout servi par une mise en scène plate et dégueulasse niveau image. Il est vrai que le côté nanardesque de l’entreprise peut tenir éveiller jusqu’au générique de fin et pourra en divertir certains, mais nous sommes bien loin de ce qu’était le film d’Adam Simon.
Mais là où Carnosaur 2 se vautre, c’est par le biais de son scénario. Non pas que celui-ci soit d’une débilité profonde (et assumée ?), plutôt qu’il se présente comme un plagiat d’Aliens. Oui, vous avez bien lu : Carnosaur 2 est la copie conforme du film de James Cameron, reprenant chaque personnage, chaque scène, chaque réplique… Si vous n’êtes pas convaincus, voici des exemples (attention, ça va spoiler à mort à partir de là !) :
- l’histoire qui suit un commando de sauvetage pénétrant dans une mine top secrète coupée du monde et avec qui les communications ont été coupées car tous les occupants ont été bectés par des dinosaures (même chose pour Aliens, les dinos remplaçant les xénomorphes et la mine une colonie sur une colonie lointaine)
- un adolescent comme seul survivant du carnage (une fillette pour Aliens), dont va s’enticher le héros, ayant un fils décédé (une fille pour Ripley)
- ‘Monk’, personnage grande gueule qui balance des vannes et qui ne fait que gémir une fois le danger pointant le bout de son nez (Hudson dans Aliens)
- l’hélicoptère qui s’écrase, le pilote se faisant attaquer dans son cockpit par un dino (le vaisseau dans Aliens, un xénomorphe à la place du dino)
- le fait que les personnages se réfugient dans le centre de contrôle de la mine avant que celui-ci ne se fasse encercler par les dinosaures (même chose dans Aliens)
- deux protagonistes qui ne pouvaient s’entendre et qui se sacrifient ensemble en faisant exploser une grenade (encore la même chose dans Aliens)
- le combat final qui voit s’affronter un plus gros dino, le T-Rex, face à un personnage à bord d’une machine (Ripley combattant la Reine Alien)
- une explosion nucléaire détruisant la mine et les dinosaures qu’elle abrite (sans commentaire…)
En ayant Aliens en tête, il est impossible de ne pas pester devant Carnosaur 2. Car ce n’est pas en reprenant outrageusement un grand titre de la science-fiction horrifique (quoique que le film de Cameron est plus axé action) que l’on se montre ridicule dans le bon sens. Surtout qu’à aucun moment le film ne s’est présenté comme une parodie à la Scary Movie. Là, c’est juste honteux, étant donné que le plaisir n’est pas au rendez-vous de ce long-métrage.
Carnosaur 2 n’est pas le plaisir coupable qu’avait été le premier volet. Bien qu’il puisse se montrer sympathique les premières minutes, il donne l’impression de voir une version brouillonne et fauchée d’Aliens. Et rien que pour ça, cette suite ne mérite aucunement notre attention mais plutôt notre dédain. Un gros nanar, oui, mais qui ne remplit pas son cahier des charges.