Carnosaur 3
3.2
Carnosaur 3

Film DTV (direct-to-video) de Jonathan Winfrey (1996)

Un nanar assumé en sérieuse perte de vitesse

On pourrait croire à une mauvaise blague mais les faits sont là : malgré un manque certain de qualité et aucune sortie en salles, la franchise Carnosaur continue de faire les beaux jours de son producteur Roger Corman depuis son commencement en 1993 grâce au succès de chacun des opus lors de leur exploitation en vidéo, attirant la curiosité des adeptes des nanars de série B. Une rentabilité qui se confirme avec la venue d’un troisième opus qui vient ainsi remplir les rangs d’une saga qui, pour la majorité des spectateurs, n’aurait jamais dû voir le jour. Et ce nouvel épisode ne dira pas le contraire !


Pourtant, dès les premières minutes de Carnosaur 3, on avait de quoi espérer du très lourd niveau ringardise assumée. Rien que voir un générique démarrer sur un convoi militaire sous des airs qui rappelleraient presque le thème principal de L’Agence Tous Risques vaut son pesant de cacahuètes. Mais voir aussitôt un soldat demander à son supérieur s’il peut pisser et que celui-ci lui ordonne de le faire en marche, limite sur ses camarades, cela en devient juste hilarant tellement l’ensemble ne se prend jamais au sérieux et se permet d’oser ce genre de situations grotesques. Et la suite du film ne sera pas en reste, allant à des personnages bêtes à manger du foin (hurlant juste à côté de dinos endormis sans penser un seul instant les réveiller) jusqu’au détail scénaristique le plus invraisemblable qui puisse exister (une remorque de camion renfermant un labo, des Raptors et – bien entendu – un T-Rex qui, de base, ne peut même pas y entrer), en passant par des morceaux de steaks jonchant le sol en guise de cadavres. Ajoutez à cela les éternels effets spéciaux (costumes et marionnettes) de mauvaise qualité, des comédiens surjouant comme pas possible, une mise en scène catastrophique et des répliques qui tuent littéralement par leur monumentale connerie, et vous obtenez ce qui aurait pu être le nanar absolu !


Malheureusement, il ne faut pas attendre longtemps pour que ce qui s’annonçait comme le meilleur opus de la saga s’effondre totalement au bout d’un quart d’heure… allez, soyons gentils : une demi-heure ! Une fois le décor planté (l’entrepôt portuaire), le commando sur place et les premiers enjeux enfin dévoilés, Carnosaur 3 perd sa puissance comique (volontaire ?) pour s’enliser vers un final qui se veut de plus en plus sérieux. Il y a bien une séquence de bras de fer sortie de nulle part et qui occupe pas loin de cinq minutes du film pour faire rire, mais vu que l’ensemble ne possède plus sa force du début, ce genre de situations ne fait plus autant d’effet que le militaire se soulageant en pleine route. Du coup, le spectateur se détache et pas qu’un peu d’un nanar qui devient en un rien de temps une série B de très mauvaise facture et qui accumule sans mal lourdeurs, ennui et difficultés à fermer les yeux sur les différentes tares du film. Au moins, le scénario, tout aussi mauvais qu’il est, ne plagie pas à un autre titre cinématographique (Carnosaur 2 reprenait à la ligne près le script d’Aliens), c’est déjà ça !


Pourtant, en y réfléchissant bien, Carnosaur 3 aurait pu se sortir de cette impasse. Pour cela, le film pouvait garder sa bêtise assumée et ce jusqu’au générique de fin (ça, je pense que vous l’avez compris) en évitant de réellement s’intéresser au sort des personnages et en perdant ainsi du temps sur leur histoire alors qu’ils se présentent dès le départ comme des clichés ambulants. En proposant des situations encore plus rocambolesques qu’un T-Rex enfermé dans un camion plutôt que de faire tout un passage à bord d’un bateau pour un final explosif téléphoné et mal amené. En se risquant dans la surdose de gore comme l’avait fait le tout premier film de la saga. Bref, à défaut d’avoir un long-métrage pouvant rivaliser avec Jurassic Park (et la marge est énorme), vous devrez vous contenter d’une pauvre série B qui n’arrive pas à s’assumer pleinement.


Il faut bien admettre que l’ensemble se montre bien plus « regardable » que Carnosaur 2. Mais cela n’enlève en rien cette frustration que vous aurez après avoir vu ce troisième opus. Celle de ne pas avoir eu un délire fauché et conçu comme tel alors que la première partie du film laissait pourtant envisager ce constat. Carnosaur 3, comme ses congénères, n’est rien d’autres qu’une aberration cinématographique qui avait pourtant quelque chose d’intéressant à exploiter niveau humoristique, mais en vain…

sebastiendecocq
3
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le 30 mars 2015

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