TONIGLANDYL
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le 4 mars 2014
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La saga James Bond a péniblement abordé le XXIème siècle avec le fatigué Meurs un autre jour, dernière contribution de Pierce Brosnan. Et comme on l’affirme sentencieusement dans à peu près tous les films d’espionnage, les temps ont changé, y compris dans le cahier des charges du blockbuster. Le premier volet des aventures de Jason Bourne a fait irruption en 2002, avant d’être suivi par le second opus, La Mort dans la peau, dans lequel le réalisateur Paul Greengrass insuffle une énergie nouvelle, la brutalité prenant le pas sur les grands effets, dans un esthétique caméra à l’épaule qui privilégie l’immersion physique et percutante.
Si Casino Royale convoque à nouveau Martin Campbell, déjà aux commandes de GoldenEye en 1995, il n’est pas question de faire appel à un savoir-faire et une tradition. L’arrivée de Daniel Craig coïncide avec un renouvellement assez drastique, d’autant plus manifeste qu’on adapte le premier roman de Fleming, comme pour signifier qu’on repart sur de nouvelles bases, et que tout est à redéfinir.
Bond, à l’image de son interprète, sera massif, buriné (et burné, d’ailleurs, en témoigne une séance particulièrement éprouvante de torture) et sans état d’âme. La très belle séquence d’ouverture, en noir et blanc, se met sous le patronage du film noir et du cynisme qu’y distillent généralement ses protagonistes : les répliques sont cinglantes, la violence frontale et la gâchette facile.
Il ne s’agit évidemment pas de renier l’ADN de la franchise, et le spectateur retrouvera les destinations internationales, l’homme à femmes, l’espionnage international et la grandiloquence des scènes d’action. Mais d’une manière générale, la tendance est au resserrement : le récit entier se focalise sur une partie de poker, habilement interrompue par des interludes d’une brutalité salvatrice, en contrepoint du bluff feutré des élites à la table. La romance elle aussi prendra un nouveau tour, par la rencontre avec Vesper Lynd, un personnage qui marquera durablement l’agent, passant de l’attribution du matricule double zéro à des désirs de retraite en un seul volet.
L’idée du départ, et des traumas laissés par l’expérience amoureuse infuseront durablement les 4 volets à venir, inaugurant une idée nouvelle, celle d’arcs généraux courant d’un épisode à l’autre.
Pour l’heure, les présentations ont été faites. L’impassible agent est incollable sur le boisé d’un cognac, assène des trempes herculéennes, mais laisse aussi parler son cœur ; et, curieusement, la greffe prend, dans la mesure où la souffrance de la perte va pouvoir épaissir la violence qui en découlera, permettant à la franchise de s’enrichir d’une nouvelle couleur inattendue : l’incarnation.
(7.5/10)
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le 7 oct. 2021
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