Premier long métrage du réalisateur irlandais Damian Mc Carthy, Caveat ressemble finalement peut être plus à une démonstration technique et un exercice de style qu'à un véritable long métrage. Durant 90 minutes le jeune réalisateur nous embarque dans une ambiance malaisante et anxiogène quoi que un peu artificielle et livre un premier film paradoxalement aussi efficace que passablement vain.
Déjà l'histoire de Caveat est loin d'être la plus plausible qui soit. On suit effectivement un homme qui accepte joyeusement d'aller garder une jeune femme souffrant de troubles psychologiques graves dans une bicoque délabrée perdue sur une île déserte et dans laquelle son père s'est suicidée alors que sa mère elle est toujours portée disparue. Et comme si ce n'était pas suffisant pour remettre en doute ce petit job tranquille, l'homme accepte pendant une semaine d'être retenue en laisse et attaché par une chaîne à la cave d'une maison semblant sortir d'un niveau de Silent Hill. Et bien comme on pouvait s'en douter un peu, à par lui visiblement, ça va partir un petit peu en cacahouète.
Une fois ce postulat de départ un peu improbable accepté on se retrouve dans un film d'ambiance assez lent et posé mais qui parvient par intermittence à instaurer un véritable climat d'angoisse étrange et surréaliste. Par son rythme pesant, le choix de ses cadres, son ambiance graphique terne et maladive, sa musique stressante et son côté claustrophobique le réalisateur Damian Mc Carthy instaure parfaitement une belle petite ambiance horrifique. Même si le récit s'éclaire ensuite de plusieurs révélations qui arrivent dans divers flashbacks, ils sont loin de rendre l'histoire beaucoup plus crédible pour autant. A défaut de pouvoir s'accrocher à sa trame narrative il faudra donc accepter de se plonger dans l'ambiance du film et se laisser prendre à son tempo et son univers comme si l'emballage comptait finalement bien plus que le maigre présent qu'il contient. Si dans un premier temps on reste "scotché" au triste sort de cet homme plongé dans une forme de cauchemar ouaté, on finit aussi un peu par se lasser de le voir explorer la maison à la lampe de poche. Car finalement le plus gros reproche que je ferais à Caveat c'est d'être au bout du compte complétement vain dans ce qu'il raconte et donc un peu artificiel dans ce qu'il nous montre, a tel point que le film s'oublie presque aussitôt son générique de fin débuté. De toute évidence Damian Mc Carthy possède un certain talent pour faire naître l'angoisse à l'écran mais pour moi son film tourne assez vite à l'exercice de style un peu creux ce qui est d'autant plus dommage que le jeune réalisateur s'entoure ici de comédiens parfaitement dirigés comme Jonathan French parfait et intense dans le rôle principal d'Issac. On ne retiendra finalement de Caveat qu'une poignée d'images étranges et angoissantes et quelques scènes de tensions savamment orchestrées, ce qui n'est déjà pas si mal.
Je reste donc particulièrement mitigé sur Caveat qui procure quelques délicieux frissons, s'appuie sur une ambiance forte et angoissante sans toutefois parvenir à m'embraquer complétement dans les arcanes de la terreur. Il reste à espérer que Damian Mc Carthy sorte de la cave et nous revienne avec le même savoir faire mais au service d'une histoire plus forte et immersive.