Vraiment surprenant ce petit film dont je n'avais jamais entendu parler et qui pourtant peut se targuer de faire jouer deux grosses tronches du cinéma français.
On pourra reprocher à Robin Davis de faire un peu trop traîner les échanges, quitte à se laisser dépasser par les deux monstres de la tirade qui s'écharpent devant ses objectifs; néanmoins quel plaisir d'assister aux joutes opposant un apathique et bonhomme Blier à la tornade Dufilho, ex cadre autoritaire aigri de ne plus pouvoir exercer son pouvoir de petit chef alors que sa faible retraite l'oblige à partager son loyer avec ami qu'il se complait à martyriser.
Dommage qu'autour des deux bougres, tout le monde ne soit pas au diapason — Alida Valli est un peu à la traîne notamment — et que Davis, peut être la faute à un budget limité, je n'en sais rien, ne varie pas davantage les lieux des duels qu'il met en scène : en découle un sentiment, certes furtif mais bel et bien là, de tourner un peu en rond.
C'est regrettable parce que cette histoire on ne peut plus singulière de domination qui joue l'inversion des rôles de belle manière s'autorise un final mémorable. Il ne lui manquait pas grand chose pour devenir un incontournable.
Toutefois, malgré ses défauts, Ce cher Victor est à mon sens une curiosité peu banale qui devrait intéresser les amateurs des seventies à la française; et si par le plus grand des hasards, vous nourrissez, comme moi, une tendresse particulière pour Bernard Blier, alors c'est un passage presque obligé... il ne faudra juste pas s'attendre à une pépite oubliée et être prêt à regarder un peu sa montre dans la partie centrale du métrage.