Courir pour guérir? Exorciser le deuil dans Un long fleuve d'humains Intranquilles. Mauvaise passe.

(Publiée 25/10/21;vive Jean-Luc Bideau!)

_"Tu es un impuissant et un raté"
_"On sort bien son chien pour pisser, on peut bien sortir son cul (son corps)"
_"Pourquoi tu cours César?
Pour pas finir au fond de mon assiette!"
_Son ami Julien: "Regarde ça! c'est pas superbe? (plans de haut sur coureurs serpentant dans les forêts&vallons)...Ce fleuve qui nous charrie, sans jamais nous mêler. Autant d'Hommes, autant de Sources."
Simon, à ce stade encore cynique&désabusé: "Autant de Cimetières, plutôt!"

Une goutte dans un océan.
Combien de pépites me réserve encore le cinéma Suisse dont je suis encore tant ignorant?
Découvert par hasard sur TV5 Monde dont les docs et films sont souvent au minimum des curiosités à tenter.
Je découvre qu'il est visible et gratis sur une chaine suisse, Notre Histoire, si vous voulez le voir avant de parcourir mes remarques "foutraques et décousues" comme deux amis ne cessent de me le dire.

Chef d'Oeuvre "mêlant fiction et reportage, tourné pendant une course à pied de 1979 et initialement diffusé le 28 septembre 1980, sur la chaîne Télévision suisse romande".
C'est une vraie course qui existe: Morat-Fribourg

Ce film rend hommage à la course à pied.
Sa voix off est un vrai dialogue philosophique
Brasse et charrie beaucoup plus de sujets qu'il ne parait.
Le personnage principal expurge tous ses soucis par la course,
ou plus exactement les transforme et les dépasse.

Réalisé par un Raymond Vouillamoz qui sans drone a réussi à filmer de haut la course et son fleuve d'humains et rendre hommage à la beauté émouvante des lieux.

Le résumé de Tv5 réduit un peu le film:
_"A la suite d'un pari avec un ami, Simon (Jean-Luc Bideau), la quarantaine, se sent contraint de participer à la course Morat-Fribourg.
L'entraînement à cette épreuve, puis la course elle-même, agiront comme un véritable révélateur de ses souvenirs douloureux, trop longtemps enfouis derrière sa carapace de fort en gueule".
("un grand succès populaire au début des années 80").

Scénario d'un Jacques Guhl (qui jouerait un des amis?)
Il aura 100 ans en 2022 selon wikipedia?:
_"Jacques Guhl, né le 23 octobre 1922 à Alger, est un écrivain, poète, auteur dramatique, bellettrien et joueur de football vaudois...
À 80 ans, Jacques Guhl animait encore une école de football comptant 180 juniors".

Cette course a commencé en 1932 selon wiki dont le texte est:
__"La course Morat-Fribourg – en allemand : Murtenlauf –, est une course à pied qui se déroule le premier dimanche d'octobre sur un tracé en ligne de 17,170 km sur une route vallonnée ouvert aux athlètes d'élite nationale et internationale ainsi qu'aux coureurs populaires".
La course contemporaine, créée en 1932, se base sur plusieurs légendes liées à l'histoire du canton de Fribourg. Le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire (qui mourut l'année suivante aux portes de Nancy, en Lorraine), décide de s'attaquer à la ville de Berne et, en chemin, arrive aux portes de Morat le 12 juin 1476. Les habitants de la ville, assistés de troupes bernoises, sous la conduite du capitaine Adrien von Bubenberg, se cloîtrent derrière leurs murailles et résistent aux assauts de l'armée bourguignonne, jusqu'au 22 juin suivant, date à laquelle se déroule la bataille de Morat, dont les Suisses (fribourgeois et confédérés), malgré leur faiblesse, sortent victorieux.
Cette bataille est depuis considérée comme un élément fondateur du canton de Fribourg qui, en 1481, rejoint la Confédération suisse (CH), en même temps que le canton de Soleure, pour rejoindre la Confédération des VIII cantons".
À ces éléments réels se greffe, ultérieurement, un mythe peut-être inspiré de la bataille de Marathon, et selon lequel un des confédérés victorieux aurait arraché sur le champ de bataille un rameau de tilleul et aurait couru jusqu'à Fribourg pour y apporter la grande nouvelle. Une autre légende prétend également que ce rameau aurait donné naissance à un tilleul, à l'endroit où le messager s'effondra, une fois sa mission accomplie".
"L'idée d'une course entre Morat et Fribourg fut avancée pour la première fois, en 1904, par Théo Aeby, sculpteur et professeur au Technicum cantonal (ex-École des arts et métiers et actuelle École d'ingénieurs et d'architectes de Fribourg)".
"L'idée, cependant, n'est pas suivie d'effet, mais réapparaît en 1931, lorsque le peintre bernois Adolphe Flückiger court, le 12 juin, le trajet censé avoir été celui parcouru par le messager légendaire. Il rencontre Beda Hefti, ingénieur en génie civil et fondateur, en 1928, du ski-club de Fribourg, et tous deux décident d'organiser, dès l'année suivante, une première édition de ce marathon, réservée aux membres du ski-club. La même année, Beda Hefti fonde le Club Athlétique Fribourg (CAF)" (wikipédia).

Simon a toujours été un fils dans l'ombre de son père et surtout du souvenir qu'il a laissé autour de lui, un homme plus diplômé et plus notable respecté que son fils,
et "épatant musicien" aimé et regretté de tous.
Beaucoup pensent que le fils n'a jamais été "à la hauteur du père".
Notre personnage traverse une crise de la quarantaine, une baisse de régime et reconnaissance à son travail,
et une baise banale de régime d'entretien et de méconnaissances de l'autre dans son foyer.
Dont le mariage de 10 ans est en mauvaise passe.
Ses soi-disant amis tentent de le remotiver. (En fait ils le gardent peut-être pour être encore plus contents eux-mêmes de leur propre sort?)
Mais surtout, il ne s'est aussi jamais remis de la mort d'un proche, dont on voit les circonstances en flashbacks.
Nombreux flashbacks amenés par la voix off : par exemple "lace ta godasse" lors de la course lui rappelle et ramène des mois avant, quand son collègue de travail lui avait dit la même chose.
Le jour où il lui apprend qu'il n'a pas eu la promotion car déçoit la patron qui l'avait "embauché en souvenir de son père"...

J'aime la scène ou cet endeuillé réagissant tardivement à son chagrin,
s'arrête un instant au milieu de la course et de la route, il crée alors un mini embouteillage,
où les fourmis humaines, lui passent autour comme les zombies autour des vaccinés dans 'World War Z'...

Mais un petit malin (improvisé?) se moque de son émotion et arrêt en le comparant à un enfant perdu dans les magasins et Grandes surfaces, il lui crie, sans savoir combien c'est très approprié:
"alors , tu as perdu ton papa"

Visible légalement et gratis sur https://notrehistoire.ch/entries/d7gBZpK2Wzl
J'ai ajouté une première liste SC pour Jean-Luc Bideau, notre Elliot Gould?,
qui n'a pas que fait "l'hélicoptère avec sa bite" dans 'Et la tendresse, Bordel!'...