Voilà un film où Claude Lelouch ne renie rien de son cinéma, de sa mise en scène, de son humour et de ses mises en abyme. Ce qu’on peut lui reprocher dans Chacun sa vie, c’est la profusion des personnages et comment il amalgame trop leurs destinées. Malheureusement, un certain manque de sens se fait ressentir et la scène où Rufus ( le chauffeur de taxi) ne peut conduire un symbologiste à un congrès à cause d’un bouchon ( embouteillage) est emblématique de l’état scénaristique du film. En effet, Chacun sa vie, truffée de digressions, s’embourbe et ne capte pas l’attention . Le médecin voulant soigner la maladie par le rire ainsi que l’avocat amoureux d’une pute permettent à Jean-Marie Bigard et à Éric Dupont-Moretti d’établir des propositions à contre-courant. Marianne Denicourt est de loin l’actrice tirant son épingle du jeu. En proposant dans tous les sens sans choisir une ligne directrice, Claude Lelouch se livre à un exercice lassant et se perd autant qu’il perd son spectateur. Dommage, car on n’aurait bien aimé déboucher un bon millésime qu’on aurait aimé déguster pour de bonnes raisons...