Voilà un film dont la bande annonce m'a énormément alléché et qu'il me tardait de voir, pour plusieurs raisons. Déjà, le réalisateur, Christophe Honoré, dont j'ai tant aimé Dans Paris et les chansons d'amour (mais qui m'a un peu perdu depuis), qui retrouve ici son actrice fétiche des années 2009/2011, Chiara Mastroianni, que c'est toujours un plaisir de voir à l'écran. Ensuite, Vincent Lacoste, cet acteur à la mine boudeuse dont le visage tout entier s'illumine lorsqu'il sourit, et qui ne cesse de m'étonner depuis les beaux gosses et le skylab. Enfin, l'originalité de cette rupture d'un couple, où la femme s'exilant à l’hôtel d'en face pour faire le point, est confrontée à son mari lorsqu'il était jeune, puis à d'autres visages du passé.
Beaucoup de raisons, donc, pour courir voir Chambre 212, et qui me faisaient penser que le film allait m'emballer. Pour moi, hélas, cela à faut pschiiiiiiit. Dommage.
Pourtant, les acteurs sont biens. Chiara Mastroianni, malgré une façon de parler théâtrale propre aux films d'Honoré, nous fait croire à ce personnage qui ne sait s'empêcher de séduire les jeunes et jolis garçons qu'elle croise sur son passage et pour qui des liaisons à répétition ne sont pas le signe que son couple se porte mal. Vincent Lacoste et ses fesses rebondies nous offre les positions sexuelles les plus variées. Benjamin Biolay (en couple avec Mastrioanni à la ville comme ici à l'écran) n'est pas en reste, plus en retenu, regard fatigué mais terriblement charismatique sans faire grand chose.
Si la cocasserie des situations confrontant l’héroïne à son mari lorsqu'il était jeune, l'ex de celui-ci, sa mère, sa grand-mère, les nombreux amants qu'elle a eu dans sa vie et même sa volonté qui vient lui prodiguer des conseils, m'a plutôt séduit et diverti au démarrage, j'ai fini par me lasser. Il m'a manqué un peu plus de profondeur sur ce sujet du couple sur la durée, qui s'essouffle, qui s'étiole, qui cesse de se désirer mais qui s'aime encore.
Chez Honoré, la langue est importante, les répliques sont toujours très bien écrites. Parfois trop bien écrites. On ne parle pas ainsi dans la vie. Ce n'est pas grave, c'est ce qui fait le charme et la marque de son cinéma, tant que les sentiments sont suffisamment exprimés et qu'ils nous parviennent. Ici, le beau langage a pris le pas sur les émotions. Les personnages, malgré leurs très belles paroles, n'ont pas su me faire ressentir l'intensité ou la simplicité de leur amour. Le gag du passé intervenant sur le présent l'emporte sur les émotions et m'a laissé en rade. Ils semblent tellement incapable de s'exprimer de manière convaincante que le film laisse souvent les paroles de chansons dire le texte à leur place.
Par certain coté, le film m'a rappelé Merci la vie de Blier, où les personnages du présent croisaient leur personnage du passé, sans que cela les interloque le moins du monde. L'absurde, chez Blier, était mieux maîtrisé, et les sentiments forts et poignants nous saisissaient à la gorge.
Certes, le répertoire ici est plus léger (Merci la vie traitait tout à la fois du nazisme et du sida, c'est sûr que c'était grave), mais tout de même, j’attendais plus, j’attendais mieux, d'un film dont la bande annonce m'avait beaucoup fait espérer. Plus d'absurde, plus de grandiose, plus d'émotion, plus de comédie, plus de drame, plus de virtuosité. Au lieu de cela, le film fait rapidement du surplace, à l'image du personnage joué par Camille Cottin dont on se demande rapidement ce qu'elle fait encore là. Cela s'exprime bien, la langue nous séduit et nous berce, mais les sentiments tombent un peu à plat. Bref : déçu.