Gourmandise.
Charlie et la Chocolaterie n'est pas qu'un simple film pour enfant, en effet Tim Burton tend beaucoup plus vers la satire que la fable enfantine creuse ayant pour seul but de divertir. Cette histoire...
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le 7 mai 2014
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Charlie et la Chocolaterie n'est pas qu'un simple film pour enfant, en effet Tim Burton tend beaucoup plus vers la satire que la fable enfantine creuse ayant pour seul but de divertir. Cette histoire simple et presque mièvre est au final un film plus sombre qu'il ne le laisse croire.
Dans un premier temps on peut voir le film comme une métaphore de la pédophilie, avec les éliminations successives des enfants lors de leur visite de la chocolaterie, car Willy Wonka n'est pas seulement à la recherche d'un potentiel héritier, mais bel et bien en quête d'un fantasme à la mesure de son talent. Celui qui est censé lui succéder doit répondre à de nombreux critères, tout cela n'est bien entendu pas ouvertement expliqué dans le long-métrage, ce qui ne vient pourtant pas entraver la vision de prédateur que l'on peut avoir du personnage de Wonka. A travers ce dernier s'instaure d'ailleurs une ambiance malsaine, voir même glauque. Il s'agit d'un grand enfant parmi des enfants, un adulte qui refuse de grandir mais qui a en revanche tous les besoins d'un adulte. Les cinq enfants qui ont eu la chance de découvrir les fameux tickets d'or, ne sont finalement que des proies qui vont être jetées si elles ne font pas l'affaire.
Mais Willy Wonka est aussi un artiste, et Tim Burton est fasciné par les artistes, il en est lui-même un d'ailleurs, et dépeindre des artistes solitaires, c'est une chose que Burton adore mettre en scène. Ainsi Charlie et la Chocolaterie devient un film très personnel, car on peut non seulement y voir le reflet du réalisateur à travers le personnage du maître chocolatier, mais aussi parce que le travail d'un artiste peut être sujet à controverse.
Willy Wonka imagine toutes sortes de bonbons, notamment un chewing-gum qui remplace un repas entier. Cette création aussi géniale soit-elle, pourrait avoir des conséquences sur la société de consommation, les gens n'ayant besoin que d'un simple chewing-gum pour avoir un repas complet. Il s'agit là de la création et de ses conséquences. Tim Burton quant à lui est un réalisateur visuellement hors-normes et son cinéma ne fait pas l'unanimité, certains comme moi l'adulent, et d'autres le détestent. Son style visuel ne laisse d'ailleurs pas beaucoup de chance aux autres réalisateurs du même genre. Son art a des conséquences, et c'est aussi de cela que parle ce film, le pouvoir de la création et de l'art, et ses conséquences bonnes ou mauvaises une fois que ce pouvoir est visible par tous.
Tim Burton met tout ceci en scène à travers un film plein de couleurs, dans un univers sucré et tendre pour mieux dissimuler toute la noirceur du sujet. On retrouve la patte du réalisateur, en ce qui concerne le visuel bien entendu, mais aussi par ce que l'humour est noir. Willy Wonka, incarné par un Johnny Depp méconnaissable, est d'ailleurs un personnage aussi drôle qu'attachant, malgré la froideur de ses répliques. C'est pourquoi j'aime tant ce personnage à titre personnel, parce qu'il incarne la dualité. Le jeune Freddie Highmore quant à lui vient donner le ton inverse, il s'agit d'un enfant doux et calme, l'exact opposé du chocolatier. Les deux vont pourtant se trouver de nombreuses similitudes, car c'est aussi un des sujets du film, celui des apparences. Derrière ses lunettes et sa tenue excentrique, Wonka est un homme mal à l'aise en société, un créateur génial certes, mais également très timide. Ce portrait vient bien entendu faire échos à son statut de prédateur métaphorique. Le film est survolé par la magnifique et énergique composition de Danny Elfman, une nouvelle fois très inspiré par l'univers du réalisateur. Le générique est notamment de toute beauté.
Drôle et profond, tendre et noir, Charlie et la Chocolaterie est un film de contraste, un Tim Burton majeur qui vient directement faire écho à la carrière du réalisateur, mais aussi à son cinéma et son incidence dans l'industrie du film moderne. Je le conseille fortement !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes DVD et Blu-Ray, Les films que mon chat a regardé, Films vus et revus en 2014, Ces films que je n'oublierai jamais, pour plein de raisons multiples. et Les meilleurs films de Tim Burton
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le 7 mai 2014
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