Un feel-good movie culinaire reconverti en une grinçante critique d’Hollywood !

La question de l’aspect mercantiliste du cinéma américain n’est plus à prouver.

Devenu en moins de 40 ans un véritable parangon de réussite économique et vecteur de diffusion de l’American Way of Life, le cinéma américain, sacro-sainte profession de l’entertainement mondial s’est rapidement mué, au grand dam de beaucoup, en une vulgaire industrie, dont André Malraux dans son Esquisse d’une psychologie du cinéma a su affiner les contours, rendant compte d’un système, froid, juvénile et plus attiré par l’appât du gain et le retour sur investissement que la splendeur d’antan des classiques et de leurs empreintes laissées.

Une industrie ayant instauré un visage dichotomique du cinéma américain contemporain, tiraillé entre sa veine artistique, auteurisante et flamboyante et son désir sous-jacent de marquer l’hégémonie américaine sur le plan culturel à bon gros coups de patriotisme discount et d’explosions pétaradantes. Une dichotomie, malheureusement à la source d’un sempiternel conflit aux airs de David et Goliath entre la veine indépendante, nourrissant sa liberté par des films osés, inattendus et confinant souvent au génie et la veine industrielle, absorbant plus que de raison les ambitions de réalisateurs soucieux de contribuer à de grosses productions et se retrouvant à accepter les ordres de producteurs frileux, peu enclins aux changement et s’appuyant sur un système vieux de 40 ans, prônant le gigantisme de l’action et des effets insérés par rapport à l’humain, vecteur essentiel dans la quête d’indentification du spectateur au héros.

Un affrontement, âpre si ce n’est rude longtemps insoupçonné, mais qui par le biais de personnalités courageuses et soucieuses de conserver leur indépendance créatrice commence lentement à se dévoiler. Des propos ayant eu pour finalité de mieux cerner l’usine à rêve hollywoodienne et surtout de voir à quel point ces faiseurs de plaisirs artificiels évoluent dans un monde superficiel ou le formatage est devenu légion.

Car sous leurs airs de distillateurs de produits tendance et funs, les firmes d’entertainement US sont impitoyables. Suivant à la lettre un cahier des charges aux airs de saintes paroles, les grands pontes de ces firmes n’hésitent pas à mettre à la porte la première personne ne respectant pas leurs consignes, qui, héritées de logiques marketing formatées, dictent jusqu’au moindre mouvement de caméra ou choix d’acteur, la dynamique certaine dans laquelle doivent évoluer leurs productions, quitte à devoir renvoyer les âmes courageuses (coucou Edgar Wright !) étant tombé dans les travers de ce cinéma pop-corn aseptisé.
Cineseries
7
Écrit par

Créée

le 12 oct. 2014

Critique lue 233 fois

2 j'aime

Cineseries

Écrit par

Critique lue 233 fois

2

D'autres avis sur #Chef

#Chef
EricDebarnot
5

Irritant !

Quelle initiative sympathique de la part de Jon Favreau que d'abandonner pour un temps la réalisation de blockbusters décérébrés pour nous parler de ce qui lui importe apparemment: la cuisine bien...

le 25 août 2014

21 j'aime

1

#Chef
Gand-Alf
4

Feel-Food Movie.

Amoureux de gastronomie, le cinéaste et acteur Jon Favreau délaisse un temps les blockbusters pour revenir à un cinéma plus modeste, plus personnel, à l'image de ses débuts en tant que scénariste...

le 22 déc. 2015

18 j'aime

1

#Chef
JimBo_Lebowski
5

Resté sur ma faim

Un film sur la bouffe, et accessoirement sur les relations père-fils d'un chef cuisto en perte de créativité qui va se relancer en partant sur les routes en vantant les mérites de la sandwicherie...

le 3 oct. 2014

9 j'aime

3

Du même critique

La Planète des singes - Suprématie
Cineseries
10

La conclusion en forme de chant de cygne d'une trilogie épique, émouvante et intelligente!

Saluer la qualité intrinsèque d’un reboot de nos jours est devenu rare dû au nombre et à la standardisation de ces derniers, réduits à l’état de simples divertissements liftés en effets spéciaux...

le 3 août 2017

13 j'aime

4

Deux jours, une nuit
Cineseries
8

Une fresque sociale à fleur de peau portée par le talent de Marion Cotillard

Ça commence par un visage. Fatigué. Endormi. Abattu. Ce visage, c’est celui de Sandra, modeste employée d’une entreprise de panneau solaire qui va être confrontée à la sauvagerie et l’âpreté du monde...

le 10 juin 2014

9 j'aime

3

American Sniper
Cineseries
8

Tireur d’élite

(...) American Sniper divise. Plus gros succès de son metteur en scène sur le territoire américain, devant Gran Torino, le film est taxé de propagande belliciste par les uns et de portrait...

le 23 févr. 2015

8 j'aime

2