J'ai eu une impression de rencontrer des zombies suicidaires.
Je l'ai commencé au 'hasard', sur UniversCiné, pas du tout attiré par le mot "sexe" mais par pure cinéphilie...(il n'est que -16 et pas -18 en dépit de scènes plutôt porno).
Je crois qu'on croise même parfois de possibles assassins non poursuivis? (si j'ai bien entendu et compris le passage sur le don volontaire du SIDA à un autre?...c'est lorsque le photographe raconte son métier: "willing to give you HIV...is an extreme form of sadism for extreme masochist" (sic) ).
Le sexe me semble à ces jeunes, ce que fût la nourriture aux quinquas dans 'La Grande Bouffe' de Marco Ferreri.
Ce lent suicide par la bouffe m'est revenu dans cette boulimie de boule.
Une impression d'entrevoir le darknet ou un des cercles de l'enfer.
Des hommes témoignent face caméra de leurs pratiques sexuelles, expliquent les évolutions récentes avec l'arrivée des réseaux sociaux, puis l'endémie des apps et surtout l'épidémie de nouvelles drogues.
En 2015, ce doc informait donc déjà que ces drogues rendent fous et dépendants. Et sont accessibles en "3 ou 4 messages en arrivant à Londres". Je ne le savais pas, j'espère que nos dirigeants et ministres de la santé le savaient et s'en soucient...
Un doc qui m'a bluffé et très attristé. Je sais, je sais, je suis un naïf.
Je suis abasourdi qu'il soit de 2015 alors que je n'ai entendu parler de tout ça qu'à l'occasion de l'accident catastrophique de Pierre Palmade en 2023 (d'ailleurs, des interviewés lui ressemblent).
Je n'ai jamais vu de trucs pareils. Dans tous les sens de ces mots.
Je ne vais pas non plus mentir, je ne l'ai pas fini, donc en théorie, je reconnais que je ne devrais pas le noter: je ne l'ai même pas (encore) accéléré pour le finir.
Je mets en théorie une note que à ce que je finis, et à ce que je vois sans trop d'interruptions et sans avoir accéléré.
Ma seule autre exception avait été pour Martyrs de Pascal Laugier que je n'ai pas (encore) fini non plus, même en accéléré, mais noté quand même,
car comme ici, le peu que j'en avais vu m'était mémorable et très instructif.
Je me suis arrêté quand, dans un moment déjà très chargé en drogues, j'ai vu sortir différentes sortes de scies...une grosse, une petite etc. ...et soudain, cette cuisine m'a fait penser à celle dans les American psycho...avec ces deux mecs qui se sont donnés RDV sans se connaître pour baiser.
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"Est-il vrai scientifiquement que les femmes peuvent faire plusieurs tâches en même temps et pas les hommes, comme le suggère la croyance ..."
Une personne "polychrone" est en mesure de réaliser plusieurs choses en même temps...
Un des interviewés raconte qu'il s'est un jour rendu compte qu'une personne qu'il baisait regardait et manipulait en même temps son portable...il a aperçu les messages et son partenaire était en train d'organiser sa rencontre suivante juste après. Alors que la leur n'était pas encore joyeusement conclue.
Comme Saint Thomas..., j''avais du mal à le croire et le doc me dirige le doigt dans la plaie en me montrant alors deux partenaires dont l'un s'échine à sucer le chibre de l'autre qui a le culot d'être ...au téléphone.
L'un lisant ses sms, pendant que l'autre me rappelait un de ces chiens à tête dodelinante à l'arrière d'une voiture. On ne voit rien d'autres.
Je trouverais ça hyper vexant qu'on regarde son portable pendant que je peaufine ma recette.
Dans un excellent épisode de mon Frasier, il était très content d'avoir fait l'amour et s'enquérait auprès de sa partenaire de quel genre de note elle lui mettrait...il découvrait et devinait alors à ses réponses successives qu'elle avait sans doute regardé la télévision tout le long de leur duo.
Il était atterré, vexé , humilié, honteux...
Toute cette belle vergogne serait elle d'un autre temps révolu et dépassée?
Dans ce doc, le partenaire a littéralement son visage éclairé par la lumière de son portable qu'il lit pendant une fellation.
Ce sucé blasé me fait penser à un des ados gâtés qu'on croise dans les films de Sofia Coppola ou Larry Clarks, qui s'ennuient à mourir même pendant l'acte sexuel, même pendant la recherche de "la petite mort", l'éjaculation...Bored to (little) death? racontait l'ex drogué Jonathan Ames.
Avec leur recherche du coup suivant, ils ne sont plus dans le "ici et maintenant", le hic et nunc,
mais dans le 'Deux minutes plus tard', le next fuck?
"Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre" (Pascal cité par un Sven Ortoli (19e min) de Philosophie Magazine parlant de "sa peur du vide telle que par exemple sur un quai de gare, il consulte son portable sans arrêt, car "j'ai peur de l'attente"..."ne rien faire ne se fait pas de manière si naturelle, il faut profit-er de son temps, 'profit' va avec ce monde de la consommation...je fais donc je suis...ça va avec notre obsession du temps...on a peur du vide, on a peur des abysses..." alors on multitâche et s'obsède de son portable.)
...de ce que j'ai vu, ce sont surtout ces drogues qui les zombifient, les font rentrer dans une autre dimension temporelle....
"cerveau cerveau cerveau" répètent des zombies dans des Romero,
"de la bite, de la bite, de la bite" susurre un de ces pauvres hères; Roméo qui vient de prendre de la drogue face caméra devant nous en choquante intraveineuse...ses yeux de dément juste après, nous fixant, me rappelant des tableaux (dont ceux d'un Louis Wain et ses Chats psychotiques)...et il lève le bras pour faire circuler la drogue au coeur plus vite...plusieurs fois on verra les interviewés levant le bras après une piqure...un geste déchirant qui me brise le coeur...me faisant entrevoir l'écolier qu'ils étaient il n'y a pas si longtemps, volontaires pour donner une bonne réponse...ce bras tendu est désormais serment d'allégeance à une forme de déchéance.
Comment ont ils été endoctrinés?
Tous ces témoignages tentent de nous l'expliquer. Beaucoup sont totalement intégrés et ont une vie professionnelle dense.
"Je vois quelqu'un de 70 ans en ce moment...c'est pas top...j'attends juste qu'il meure" dit en rigolant un interviewé lanceur d'alerte sur ce qui se passe en banlieue et coulisses de la drague sur internet...mais ce dialogue réel me rappelle des dialogues fictionnels dans des pièces et films de Joe Orton où sa fiction est dépassée par la réalité. C'est le témoin qui décode pour le journaliste tous les mots secrets qui veulent dire autre chose sur internet et les réseaux sociaux: par exemple, il liste sur Grindr tous les noms de code pour les différentes drogues et pratiques...et le montage, plutôt joueur, termine cette séquence sur ses lectures de messages où un candidat lui offre son "poing" où je pense, et juste après cette proposition de poing, on nous le montre nous offrant "du thé" ...si typiquement british.
****************************************************************************************************La seule chose à retenir ou que je retiens, est que des personnes moins naïves et ignares que moi(le Yves Duteil du sexe), savent et savaient tout ça, bien avant "l'affaire Palmade"...que des citoyens décents sont dépendants à des drogues qui les zombifient: "they just look possessed, wild, and hungry and desperate"..."ils ont l'air de possédés, déchainés et affamés, à bout de nerfs"
"Je témoigne car je suis moi encore en vie".