Bon je dois me rendre à cette triste évidence, gamin j'avais visiblement des vraies goûts de chiottes mal entretenus. Car j'ai vu Chercher l'Erreur au cinéma en 1980 alors que je n'avais pas encore dix ans et bien peu de neurones connectés car pire que tout je me souviens très bien que j'avais vraiment adoré le film au point de le voir deux fois en salles. Le revoir est donc une cruelle désillusion tant Chercher l'Erreur est un triste condensé de tout ce qui devrait être interdit de faire dans un film digne de ce nom mais c'est aussi un beau message d'espoir sur la potentielle mutation de nos goûts cinématographiques vers un peu plus de classe et de respectabilité.
Chercher l'Erreur raconte donc l'histoire de Paul un scientifique lunaire et maladroit qui travaille sur la future arme nucléaire capable de donner à la France l'occasion de dominer le monde. Lorsque Paul rencontre un chien errant et mourant il va remettre toute ses recherches en perspective.
Chercher l'Erreur est un film de Serge Korber dont le scénario et les dialogues sont l'œuvre de l'humoriste Roland Magdane très à la mode à l'époque, qui incarne aussi le personnage principale du film. Mais avant de parler du film tel qu'il est, je dois dire un petit mot sur les souvenirs que j'en avais car pour moi Chercher l'Erreur c'était une fable drôle et engagée avec un type entre Gaston Lagaffe et Pierre Richard qui faisait des expérience façon La Java de Bombes Atomiques de Boris Vian et qui finissait par niquer les puissants de ce monde en préférant la compagnie d'un chien. Bon, c'est toujours un tout petit peu ça mais par respect pour Franquin, Pierre Richard et Boris Vian on va éviter les comparaisons bien trop flatteuse pour le triste film de Serge Korber qui est en réalité une comédie assez imbuvable dans son écriture, plutôt triste dans son humour qui ne fonctionne presque jamais et assez lamentable dans sa mise en scène. En matière de comédie tout et souvent une question de tempo et de rythme et là le film est aussi mou, amorphe et maladroit que son personnage principale et l'immense majorité des ressorts de comédies ressemble à des expériences ratées. Roland Magdane et Serge Korber ont beau s'essayer au burlesque et à l'absurde mais rien ne fonctionne, pas plus les nombreux bruitages de cartoons qui accompagne le film que le numéro poussif d'acteur de Magdane et au final tout tombe à plat. Le film nous offre des running gags qui ne sont pas drôle dès la première fois comme toute l'histoire autour de la veste de Paul que tout le monde désigne comme un manteau (oui c'est ça le gag) ou des boucles musicales à se jeter par la fenêtre. Même les quelques rares bonnes idées ne sont pas exploitées correctement comme ce diner mondain dans lequel le naïf et maladroit Paul se retrouve attablé avec son patron, son ex petite amie et un ministre. Quant à l'absurdité elle devient très vite de la bêtise à l'image de ce chien sirotant un verre à la table d'un bistrot ou les fameuses expériences de notre savant flou qui consiste à faire cuire des haricots sur un réchaud avec des sons étrange entre bruitage de film de science fiction des années 50 et flatulences bien d'chez nous. Le seul moment qui m'a encore fait sourire reste ce dialogue étrange et surréaliste "Passe encore que vous violiez des mineurs mais arrêtez avec vos histoires de trous d'air".
Et puis Cherchez l'Erreur en plus d'être réalisé comme un vieux téléfilm tourné sans la moindre ambition visuelle et surtout un film dont l'écriture est proprement catastrophique. Le scénario de Roland Magdane n'a pas vraiment de structure ni de colonne vertébrale forte et avance en alignant ses scène pour faire avancer à la va comme je te pousse une intrigue qui n'en est à peine une. Les personnages sont très peu caractérisés et n'ont aucune profondeur, la relation d'amitié avec ce chien étrange n'est pas vraiment amenée par un axe narratif fort et toute cette histoire d'arme atomique est si mal racontée que finalement elle n'a quasiment pas la moindre importance. Le film ne raconte rien de plus que son pitch de départ comme si on avait jeter sur le papier l'esquisse de trois idées bancales sans même chercher à en développer une seule. Le film avance ainsi en traînant la patte arrière jusqu'à se dénouement qui se voudrait humaniste et émouvant mais qui ne fera le bonheur du spectateur que par la joie d'arriver enfin au bout du calvaire.
Désolé pour l'enfant que j'étais mais même sur les registres de la nostalgie et des plaisirs coupables Chercher l'Erreur reste franchement imbuvable et une très très grosse erreur.